Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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La fille de Monaco


France / 2008

20.08.2008
 



LE BEL ET LA BETE





"- Je dois observer une distance de sécurité de 6 mètres.
- Pourquoi 6 mètres ?
- Parce que c’est le règlement.
"

Mais pourquoi avoir tenté de (sur)vendre La fille de Monaco comme un film sulfureux et érotique sur une jeune femme incontrôlable quand il s’agit en réalité d’une œuvre cérébrale et introspective sur la relation complexe entre deux hommes que tout devrait opposer ? Dans un sens, peut-être cela sert-il légèrement le projet, qui s’avère plus fin que ce l’on aurait cru. Les dialogues, notamment, sont caustiques à souhait, écrits sur mesure pour un Luchini en terrain connu : volubile, intellectualisant et dépassé. Les rapports qui le lient peu à peu à son garde du corps Roschdy Zem ne brillent pas par leur originalité (le rapprochement final est même assez convenu), mais sonnent justes. Toute la première partie du film fonctionne ainsi plutôt bien, instaurant un climat prometteur de jeu du chat et de la souris.

Et puis apparaît la "fille" du titre, dont le moins qu’on puisse dire est que la subtilité n’est pas son fort, mais évidemment ce n’est pas ce qu’on lui demande. D’ailleurs, c’est bien ainsi que Louise Bourgoin l’a compris, puisque loin de chercher à gommer le côté caricatural de son personnage, elle l’accentue par un jeu purement physique, quasi corporel, d’où sont exclues toute nuance et toute profondeur. Plus grave, la jeune femme s’en trouve dénuée de sensualité, vulgaire chair offerte au plus offrant non par plaisir, ni même par calcul, mais par simple habitude. Dire que l’on nous promettait du sulfureux et du libertinage, un personnage de femme fatale moderne et libérée, aimant le sexe et les hommes… Et l’on se retrouve avec une arriviste sans cervelle pour qui il est plus facile de se déshabiller que de réfléchir. Jolie vision de la femme libérée, une nouvelle fois renvoyée à sa fonction d’objet… Sans compter qu’en guise de souffre, le film offre à peine deux plans brefs sur les ébats amoureux de Bourgoin et Luchini, et une demi-seconde sur la belle en sous-vêtements. Pas franchement de quoi émoustiller le spectateur qui, venu pour les formes et la blondeur de Louise Bourgoin, devra se contenter du torse musclé de Roschdy Zem. Lequel s’avère décidément être l’homme du film, qu’il tire indéniablement vers le haut, tant par l’ampleur qu’il donne à son rôle que par son interprétation impeccable.
 
MpM

 
 
 
 

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