|
Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
|
|
|
|
|
Dieu est grand, je suis toute petite
France / 2001
26.09.01
|
|
|
|
|
|
LA SPIRITUALITE PETILLANTE
"- Et toi, t'es quoi comme religion ?
- Rien pourquoi ? Il faut être quelque chose ? Je crois que je vais retourner voir les flics, les questions sont plus faciles."
N'ayons pas peur des mots : Dieu est grand, je suis toute petite est un régal.
Dès le départ, le ton est donné : le film commence comme un feu d'artifice avec un générique qui s'affiche en couleur sur un air de jazz. Ensuite, c'est la rencontre entre Michèle et François qui est filmée sur un rythme effréné, entrecoupé de fondus au noir (un peu trop au début) avec une caméra qui suit les personnages au plus près.
On oscille entre le comique et la gravité et entre les scènes brèves et les longs plans-séquences. Pascale Bailly joue avec le temps (les débuts rapides, les ralentissements et les accélérations de cette histoire d'amour) et construit un film plein d'intelligence et de vivacité.
Dans Dieu est grand, … beaucoup de scènes sont d'une grande cocasserie. Souvent, on rit franchement : lorsque l'amie de Michèle, Valérie (Julie Depardieu, très bien) met de la psychologie partout, même dans une séance de photographies de mode ; lorsque François, en plein kippour, mange une cuisse de poulet emmitouflé dans une couverture et avec sa kippa de travers…
Mais il ne faut pas se tromper. Derrière des apparences comiques et farfelues se dessine un thème plus profond : le poids de leurs familles respectives sur l'existence de Michèle et François. Tous deux ont du mal à assumer leur histoire (le malheur de la mère de Michèle et la judéité de François). Face à ce passif douloureux qui se transforme en une sorte de névrose, les deux protagonistes sont à la recherche d'un sens à leur vie et essayent de vivre ensemble. C'est pour cette raison que le film est à la fois drôle et tragique et que cette jolie histoire d'amour est émouvante.
Dieu est grand, je suis toute petite est porté par deux acteurs qui possèdent une fraîcheur inouïe. Audrey Tautou est très convaincante et prouve, après les non-jeux de Vénus-Beauté et du Fabuleux Destin d'Amélie Poulain (où elle incarnait des personnages-icônes) qu'elle est capable d'endosser un véritable personnage très nuancé. Quant à Edouard Baer, que dire de cet ovni audiovisuel tant le comédien déborde de charme et de talent.
Pascale Bailly a raison de reprendre à son compte la phrase de Claude Sautet : "un film, il ne faut pas que ça décourage les gens de vivre. Même si c'est sombre, il faut que ça donne envie de vivre". Parce qu'avec cette histoire d'amour tendre et amère, elle parvient à nous faire rire. Pire : à nous attendrir. laurence
|
|
|