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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Obscénité et Vertu (Filth and Wisdom)
USA / 2008
17.09.2008
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INSIDE OF ME
« La voie du succès est pavée d’humiliations ».
A cinquante ans nous pensions que la reine de la pop avait définitivement tiré un trait au cinéma, sa carrière en tant qu’actrice n’ayant jamais eu l’éclat de sa gloire musicale. A tort, car la madone reste avant tout une aventureuse remplie d’un désir d’images et de sons. D’un court à l’origine, elle en étoffa personnages et situations pour nous livrer un premier long métrage aussi studieux que réussi. Pour ceux qui s’inquièteraient encore, rassurons les en précisant que nous sommes loin du caprice de la star s’offrant un beau cadeau d’anniversaire narcissique.
Si Filth and Wisdom – rebaptisé Obscénité et Vertu – présente cet avantage d’être d’auteur, il ressemble néanmoins aux nombreux petits films indépendants qui fleurissent chaque année en charriant leurs lots habituels de surprises et de déceptions. Loin de dévaluer la qualité indéniable de cette première oeuvre sincère et âprement désirée, il est toujours difficile pour un artiste d’exister avec autant de brio d’un art à l’autre. Ce qui n’empêche pas de souligner la légitimité et l’intégrité d’une Madonna convaincue d’offrir un cinéma qu’elle aime sans fioritures, ni cachotteries ou tromperies. Son degré d’implication s’éprouve de l’écriture au montage et développe, dans une relation à trois, des valeurs bien éloignées de la figure irrévérencieuse qu’elle façonna au cours des années 80-90. Doté d’une profondeur légère, le film distille les essences d’un parfum intime où plusieurs Madonna s’entremêlent dans une sorte de conte moderne parfois un peu désuet mais terriblement attachant.
Le destin croisé des trois personnages au cœur de Londres alimente en continu un jeu de rôles où l’introspection est synonyme de connaissance. Les êtres se découvrent et se structurent en fonction de leur histoire personnelle, mais également au travers des actes qu’ils commettent. Soutenu par un récit à la narration en huit clos « ouvert » vers des lieux instigateurs d’expérience, de passages obligés et de remise en cause, la triangulation d’individualités marginales en recherche d’équilibre est une transposition habile, classique et sans doute un peu naïf de l’individu Madonna. Savoir qui l’on est semble essentiel voir vital pour avancer et c’est sans surprise que le concept de filiation, représenté par l’écrivain aveugle, prend ici toute sa valeur et surtout sa place. Si les personnages vivent ensemble, se parlent et se croisent, ils demeurent finalement seuls en face de leur destin. Le transfert cinématographique s’opère par tableaux successifs dans un montage parallèle dynamique. Il est triple car les personnages sont trois ; il divise temps du lieu « physique » et temps de latence « psychologique » ; il rend compte – en filigrane seulement – des dualités à l’épreuve dans une mise en abîme perçue comme nécessaire. L’humain résonne avec force mais sans la rage au cœur, comme cette fin en happy end de conte de fées.
Sans dévoiler les atermoiements des colocataires, disons simplement que ceux-ci ressemblent à leur créatrice dans une intimité sacrément pudique pour une star aussi expansive sur scène. Si A.K., jeune ukrainien au rêve de gloire musicale devient pour un temps gigolo sado maso, il représente à coup sûr le côté artiste provoc de la chanteuse. Holly, danseuse classique à la volonté de fer qui se retrouve à apprendre les pas de danse dans une boite à strip-tease n’est que le reflet mélancolique de la madone passée. Enfin, Juliette est cette fille pleine de compassion et de conscience morale ; soit la figure contemporaine de la star. Des trois identités il ne s’y trouve aucune préférence, ni reniement, ni regret. Juste la mise en place d’une métaphysique sur le choix des individus entre l’ombre et la lumière. Le chemin de croix, semble nous dire Madonna, est parfois nécessaire – exemple de A.K. visitant tous les studios avec sa maquette – pour accomplir son rêve.
geoffroy
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