Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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La possibilité d'une île


France / 2008

10.09.2008
 



LA POSSIBILITE D’UN FILM… RATE





"- En fait, il s'agit d'une secte qui croit que les extra-terrestres vont nous apporter la vie éternelle."

Encore un film d’écrivain. Mais pourquoi donc ? Sans doute pour assouvir un besoin violent de réalisation, lui-même légitimé par des mots de plus en plus vides de forme. La prose onanique de l’écrivain Houellebecq se mue en une pénétration absurde du dire par l’image. Exultante, celle-ci comble un vide conceptuel pour prendre la forme d’un long-métrage désespérant, vain et ontologiquement littéraire. D’où ce côté bâtard, approximatif et in fine peu cinématographique. De Bernard Werber à Alain Robbe-Grillet nombres d’écrivains ont eu, un jour, une nuit, une heure, la tentation sincère de réaliser des films. Comme Rick Deckard dans Blade Runner, ils ont rêvé. Lui de musique, eux de cinéma. Ils ont rêvé. Hélas, La possibilité d’une île, adapté de Houellebecq par Houellebecq n’en n’est pas et s’étale dans toute sa prétention auteurisante. Pire encore, cette réalisation condamne son géniteur et confirme l’idée selon laquelle mener à bien un long métrage demande un sens de la mise en scène, du cadre et de l’esthétique. Et dans le cas présent que dire. Rien ou presque, si ce n’est un résultat décevant, approximatif, rébarbatif et bien incapable de délivrer un contenu pourvoyeur de sens.

Misère sexuelle et vide affectif
Précisons d’emblée pour ceux qui n’aurait pas lu le roman que Houellebecq n’en a conservé qu’une infime partie, reléguant aux oubliettes les aléas de la vie de Daniel1, ses turpitudes de vie d’artiste et ses aventures érotico-amoureuses, pour se concentrer exclusivement sur ses antiennes d’écriture : les sectes, le clonage et le concept d’immortalité. Choix hasardeux ? A première vue oui, car il n’est pas aisé de construire un pseudo film d’anticipation ressemblant à de l’anti-Houellebecq littéraire. Reconnaissons le parti pris d’un film hermétique et plutôt terne, alors qu’il aurait pu l’étaler dans des descriptions croustillantes et aguicheuses un peu à la manière de 99 francs, la virtuosité de Kounen en moins. L’oblitération volontaire des aspects sexuels du roman est symptomatique de la démarche du réalisateur en herbe et déséquilibre l’histoire en son noyau le plus fort (la misère sexuelle, le vide affectif, l’absurdité de la vie, le tout justifiant le ralliement à la secte raëllienne). Le sentiment du vrai gâchis par l’épure demeure et l’acharnement d’un Houellebecq si peu ambitieux vis-à-vis de sa secte fait peine à voir. Lisse, impersonnel, vaguement métaphysique, cette possibilité ressemble plus au caprice d’un pauvre obsédé par le clonage incapable d’envisager une dimension narrative aux enjeux soulevés.

Mise en scène néante et dialogues risibles
Non content d’avoir un sens de l’esthétique proche du néant, chaque plan dégouline de laideur involontaire entre ceux des hangars où s’organisent les réunions, de la grotte en carton pâte de Daniel 25 ou bien encore des ordinateurs censés séquencer l’ADN tout droit sortis de La planète interdite (1956 !). Houellebecq parvient à néantiser l’idée même de mise en scène. Sans âme et sans désir, il filme ses personnages constamment de face, platement, le plus souvent en plan fixe, oubliant par là même qu’une caméra doit impulser l’idée de mouvement, de flux et de défilement des images. A cela, il rajoute une direction d’acteurs inexistante, Magimel trouvant ici l’un de ses plus mauvais rôles. Qualité de Houellebecq, les dialogues sont abscons, risibles car souvent ridicules et inutiles. Quant à la fin, on laissera la surprise aux quelques curieux masochistes, tellement elle laisse pantois devant cette impossibilité à comprendre la démarche de l’écrivain dans la peau du réalisateur. Comme dissociés du film, nous ne pouvons croire aux images produites et rêvons à d’autres horizons.
 
denis, geoffroy

 
 
 
 

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