Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Appaloosa


USA / 2008

01.10.2008
 



GUNS AND LOVE





« Qui n’a pas peur de mourir ?
- Moi !
- Très bien, alors tu seras le premier.
»

Le western reviendrait-il à la mode ? Après L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford et 3h10 pour Yuma sortis l’année dernière c’est au tour du grand Ed Harris de nous proposer sa lecture du monde des cow-boys, shérifs et autres règlements de compte entre mâles armés. Et s’il s’écarte régulièrement de l’aspect sombre et poussiéreux de ce genre cinématographique pour y insérer quelques touches d’humour, il ne parvient qu’à moitié à véritablement lui donner un nouveau visage, les clichés du western ayant malgré tout la vie dure. Et tout le monde n’est pas capable de déconstruire le genre pour créer un crépusculaire Impitoyable ou une cathartique Horde sauvage.

Ed Harris, pour sa deuxième réalisation, a choisit en effet la délicate tâche de peindre dans un Nouveau Mexique désert des portraits d’hommes pour qui la loi, la justice et l’équité sont des règles d’or à ne jamais enfreindre. Des hommes solides, charismatiques, à qui rien ne fait peur si ce n’est la sensibilité et l’émoi provoqués par les sentiments amoureux. La machine parfaite se dérègle un peu, s’adoucit, et la virilité du shérif en prend un coup. Appaloosa, ou quand le shérif tombe amoureux.
Loin du machisme habituel, le parti pris du réalisateur de mettre en scène un trio dont l’amitié et l’amour sont les principaux rouages est une très agréable surprise. On s’étonne à voir l’impassible Ed Harris confus devant la toute pomponnée Renée Zellweger, on s’amuse aux mimiques tantôt respectueuses tantôt moqueuses de Viggo Mortensen, et les pointes d’humour à la Lucky Luke sont pour la plupart bienvenues entre deux coups de fusil. Tout cela pour l’aspect amusant et léger du film. De l’autre, c’est-à-dire pour le côté méchant, trognes et fusils, on ne pourra que se régaler des prestations de Jeremy Irons en salaud lâche et séducteur et de Lance Henriksen (éternel Bishop dans Aliens) en tueur à gages amical, chacune de leurs apparitions nous rappelant au plaisir de les voir vivre sur un écran entre cabotinages et classe naturelle. Au niveau du jeu d’acteurs Appaloosa signe donc un quasi sans faute.

Comment expliquer toutefois cette sensation diffuse mais persistante d’un ennui poli freinant la mécanique jusqu’ici bien huilée d’Ed Harris ? Les personnages sont bien campés, le cadre est posé, tout fonctionne bien et pourtant on se prend à regarder notre montre. La faute à l’intrigue, à la mise en scène, au découpage ? Peut être un peu tout cela à la fois, le film n’évoluant que très peu en matière de rythme et devenant même statique par instants. Un western peut se permettre d’être lent si l’idée de contemplation et de latence sert au déroulement du film et à la psychologie des personnages. Hors, dans Appaloosa, rien de tout cela, Ed Harris semblant filmer (toujours en retenue) des portions de vie dans une petite ville de l’Ouest sans parvenir à justifier le manque d’actions de son film. Et passée une première heure où tous les enjeux ont été définis l’intrigue s’enlise entre séquences inutiles et dialogues sans grand intérêt.

Le réalisateur aurait sans doute gagné à un montage plus resserré (le film dure presque deux heures) afin d’éviter de trop nombreux stéréotypes et de s’égarer dans ces immense plaines de l’Ouest américain. Comme on dit toujours : « I’m a poor lonesome cowboy », mais bien heureusement ici la traversée d’Harris n’est pas complètement solitaire.
 
Denis

 
 
 
 

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