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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Being W. dans la peau de George W. Bush
France / 2008
08/10/2008
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BUSHERIE
«- It takes time to restore chaos»
Karl Zéro nous refait le coup. Deux ans après son faux documentaire réalisé avec montage et voix off singeant celle de Jacques Chirac, le cinéaste persiste dans sa position favorite de caricaturiste cathodique parfois inspiré en signant, pour l’occasion, un portrait « non autorisé » de George W. Bush, 43e président des Etats-Unis. La recette est la même, le ton aussi et le résultat, grosso modo, oscillant entre le pamphlet de circonstance et la bonne farce légèrement épicée. L’approche du duo Zéro / Royer, judicieuse, pose à vrai dire la bonne question et se demande comment un homme considéré par tous comme un idiot patenté a pu, et cela à deux reprises, se faire élire président de la plus puissante nation du monde.
Car au-delà du paradoxe évènementiel proche de l’anomalie démocratique, le documentaire s’évertue, non sans un certain sarcasme, à souligner l’improbable ascension d’un individu désinvolte et parvenu – malgré son glorieux héritage –, soit deux qualificatifs incompatibles avec l’image et la fonction qu’impose une telle responsabilité.
Découpé par tranche thématique un peu grossière mais néanmoins didactique, le procédé narratif retenu se construit à partir d’un travail de montage des apparitions du personnage principal entre imbrication et focalisation. Les images d’archives d’un George Bush à la fois gaffeur et hésitant répondent à la voix off fictive d’un Bush de comédie auto-analysant son incroyable parcours. En évitant la simple juxtaposition d’images coupées, assemblées ou hiérarchisées selon le bon vouloir des réalisateurs, le film propose une lecture originale, parfois drôle et de facilement jouissive. Le problème, car il y a problème, se situe sur un autre plan. Comme pris à leur propre jeu, les deux compères n’arrivent jamais à dépasser la dimension première des images produites et nous livrent un film bien trop factuel dans sa construction.
Anormalement saccadé, le documentaire donne l’impression que les auteurs ont eu peur de creuser au-delà de l’acteur Bush pour y découvrir le politique, l’idéologue – esquissé quand même avec son axe du mal -, le chef d’état. La portée, même rigolote des archives, propose un symbolisme tellement soutenu qu’elle ruine les efforts du duo à toute analyse critique du président. Collés au personnage, Karl Zéro et Michel Royer bidouillent des bouts de discours, d’interviews, de gestes maladroits et de bafouilles présidentielles aussi désopilantes que navrantes. Ils rendent l’approche parcellaire, condamnée dans l’œuf pour cause d’angle d’attaque étriqué voir simpliste. En fait, l’axe de lecture ne sert qu’à confirmer ce que l’on sait déjà. Même la voix off interprétée avec talent par Jim Meskimen n’y changera rien, car nous faire prendre conscience des « conneries incroyables » d’un tel président reste, dans ce cadre là, anecdotique.
Montrer un George Bush ridicule et inculte pour mettre en perspective la duplicité d’une administration à l’idéologie aussi guerrière que christique n’est pas chose aisée, surtout dans le cadre d’un faux documentaire au cynisme revendiqué. Mais faire dire à Bush qu’être con et pourtant réussir à « foutre autant de bordel » à travers le monde c’est, malgré l’ironie affichée des deux cinéastes, tirer une ficelle narrative manquant cruellement de perspective. L’affirmation aussi vraie soit-elle aurait demandé une plus grande interaction entre les images montrées et les conséquences partagées d’une politique globale. Malgré cette caricature, la fascination d’un tel exploit (son élection et sa réélection) marche à fond et nous avons le sentiment qu’une fois encore nous nous sommes fait avoir par ce bon vieux George.
geoffroy
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