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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Course à la mort (Death Race)
USA / 2008
15.10.2008
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ECHAPPEMENTS MORTELS
«- Fais ce que tu fais le mieux. Pilote ! »
Encore raté ! Paul W. S. Anderson n’arrive plus, depuis son prodigieux Even Horizon, à nous foutre des claques ciné dignes de ce nom. Il n’y a qu’à revoir Resident Evil et Alien vs Predator pour s’en convaincre. On ne revisite pas impunément de telles mythologies, la volonté de bien faire fut-elle au rendez-vous. Conscient de cette exigence, le petit Paul change de braquet et nous actualise une production Roger Corman de 1975 avec pour tête d’affiche Jason Statham, alias le Transporteur british de ces dames .
Ce Death Race (Course à la mort) version 2008 propose, en vrac, une photo chiadée, un centre pénitencier à l’odeur de souffre, une histoire de vengeance, de belles caisses customisées façon char d’assaut, une directrice de prison immorale (Joan Allen, toujours aussi classe), de la castagne à coups de clef anglaise, des ralentis explicites et, of course, des courses de voitures mortelles à chaque virage. Soit l’apparence d’un produit marketé bourrin, méchant, crade. Et pourtant, si les bagnoles fument, jouent de la pédale d’accélérateur, explosent en plein vol, mitraillent à tout va et font des petits tours en jouant des mécaniques, nous sommes bien loin du film défouloir qui en met plein les mirettes. La stylisation carrée, l’image froide et l’hommage soutenu aux films des "eighties", décennie de l’or noir, du blockbuster et des années Reagan ne suffisent pas à fournir le jus nécessaire d’une course où le duo inédit Jason Statham – Joan Allen ne fait aucune étincelle (on regrette presque l’affrontement entre Stallone et Sutherland dans Haute Sécurité, c’est vous dire…). Trop répétitif et surtout bâclée vers la fin, nous frétillons, il est vrai, deux ou trois fois lors des scènes de courses poursuites. C’est trop peu et la réalisation, sans âme, manque de mordant et surtout de prise de risque. En affichant une ambition claire – celle de plaire au plus grand nombre –, le réalisateur ne peut en aucun cas épancher la soif du fan exigeant une vision post-apocalyptique aussi sanglante que bandante.
Hélas, il semble que M. Anderson ait sous estimé l’attente réelle des jouisseurs du vendredi soir en demande d’action décomplexée d’un univers sale et déshumanisé. Peu importe alors les sous intrigues censées approfondir une histoire où vengeance rime avec cruauté, surtout lorsqu’elles n’apportent aucune plus value narrative au déroulement des évènements. Pour preuve, le traitement accordé au pilote Franckenstein, véritable idole masquée pour des millions de spectateurs. Son come-back, nerf de la guerre d’un audimat tout puissant, se révèle maladroit pour ne pas dire inconsistant. Anti-héros sur la corde raide, il ne suscite ni la peur, ni l’admiration. Erreur d’appréciation pour un film timoré, inacceptable dans son entreprise moralisatrice d’happy end exotique, Course à la mort se perd en chemin et loupe, de surcroît, l’analyse sociologique d’un show TV ultra violent censé être le nouvel opium d’une population désoeuvrée. Le cinéaste flingue, par la même occasion, ce délire pur second degré de carlingues défoncées à la testostérone qu’il aurait dû être.
geoffroy
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