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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Le crime est notre affaire
France / 2008
15.10.2008
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PARTENAIRES PARTICULIERS
« Imagine comme ce serait palpitant de voir un mort entrer en titubant »
En grand amoureux des romans d’Agatha Christie, Pascal Thomas renoue, et ce pour la troisième fois, avec son univers en adaptant Le crime est notre affaire de la grande romancière anglaise. Alors, on prend les mêmes et on recommence. En effet, pour Le crime est notre affaire, Pascal Thomas s’entoure à nouveau de Catherine Frot et André Dussolier –couple phare de Mon petit doigt m’a dit- ainsi que de Chiara Mastroianni et Melvil Poupaud, déjà à l’affiche de L’heure zéro. Cependant, le résultat est tout autre.
Pascal Thomas replonge dans l’univers intemporel de ses films précédents. Ne souhaitant pas créer une pure adaptation des romans d’Agatha Christie, le réalisateur choisit le monde contemporain pour faire évoluer ses personnages tout en perdant ses spectateurs dans un autre univers qui semble totalement hors du temps. En résulte une atmosphère en décalage qui donne au film son côté désuet, aspect qui ne manquait pas d’agacer dans L’heure zéro mais qui réussit ici à charmer.
On retrouve pour l’occasion le couple Bélisaire et Prudence Beresford, à l’âge de la retraite. Les jours s’écoulent paisiblement, pour le plus grand bonheur de Bélisaire et le plus grand malheur de Prudence qui meurt d’ennui. Cette dernière ne rêve que d’aventures, d’énigmes à résoudre et c’est ce qu’elle va trouver grâce à sa tante Babette (Annie Cordy) qui assiste à un meurtre dont il ne reste ni corps ni trace. L’incursion de Prudence au sein de la famille Charpentier peut donc commencer.
Le tableau est alors mis en place et les personnages peuvent entrer en scène. Côté intrigue, le film reste fidèle au classicisme du polar avec ses personnages attendus tels que des membres d’une famille appâtés par le gain –bien souvent l’héritage-, un jardinier, les domestiques, le médecin de famille etc… Et tout se déroule bien évidemment au sein d’une grande bâtisse familiale avec ses recoins lugubres perdue au milieu de nulle part.
Cependant, si l’on compare ce film au précédent, Le crime est notre affaire gagne beaucoup en rythme par rapport à L’heure zéro. Si ce dernier perdait le spectateur au fur et à mesure que l’intrigue se déroulait, ce n’est pas le cas ici. Loin des films à suspense où le spectateur est en haleine, Le crime est notre affaire lui donne tout de même l’occasion de jouer lui-même au détective, accusant tour à tour l’un ou l’autre des personnages.
Mais la grande force du film réside principalement dans ses interprètes. Chiara Mastroiani prête des traits froids et austères à Emma tandis qu’Annie Cordy incarne une exubérante tante Babette, chasseuse de papillons à l’accent peu banal. Claude Rich donne magnifiquement vie à Roderick Charpentier et se révèle superbe en avare acariâtre. Quant à Catherine Frot et André Dussolier, ils semblent s’amuser comme deux fous en interprétant ce couple de jeunes retraités préférant traquer un meurtrier plutôt que de passer Noël en famille. Irrésistiblement drôle, Catherine Frot offre une autre facette à son personnage qui, en plus de chercher le meurtrier, cherche également à retrouver sa jeunesse et son sex-appeal, ce qui la rapprochera aussi bien des deux jeunes filles de la famille Charpentier que des hommes Charpentier et donnera lieu à quelques scènes cocasses.
Le film réjouit donc grâce à ses personnages hauts en couleurs, alors si certains perdent le goût pour l’enquête ou se sentent délaissés par le côté vieillot du film et de son atmosphère, qu’ils se rattrapent avec une Catherine Frot pétillante et drôle qui donne au film son peps et un nouveau souffle.
Morgane
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