Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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A l'aventure (A l aventure)


France / 2008

01.04.2009
 



L’ECHAPPEE TRISTE





« Attendez, ne confondez pas extase mystique et extase sexuelle ! »

Les Brisseau se suivent, se ressemblent, attendrissent, puis finissent par lasser. Brisseau, ou le réalisateur mu par la seule force de son désir d’approcher le féminin dans ses délicatesses, ses failles, ses pulsions, ses secrets, et ses origines… Un désir tellement pressant que cette thématique s’inscrit en fil rouge dans toute sa filmographie et suinte à travers ses personnages dans leurs excès et leurs maladresses. Dans certains cas pour le meilleur, Noce Blanche, L’ange noir, voire Les anges exterminateurs, et souvent pour le pire et le ridicule, Choses secrètes et ce A l’aventure en sont les preuves.
Bien sûr tout homme ne pourra que s’émoustiller sur les plastiques des jeunes actrices dont Brisseau prend l’extrême soin de déshabiller sous l’œil de sa caméra, extension à peine cachée de lui-même. D’ailleurs comment résister à cette scène saphique entre trois créatures galbées dans l’ébène qui, sous hypnose, vont atteindre cette extase tant recherchée par l’héroïne. Difficile de rester de marbre, et cette séquence rejoint pour les aficionados celles de la chambre d’hôtel dans Les anges exterminateurs où le cinéaste mate ses jeunes actrices nues sur le lit, ou bien encore la partouze finale dans Choses secrètes. Bref, un peu de cul à peu de frais, filmé si ce n’est sans talent du moins avec passion.
Mais après ? Des corps, des frissons, une érection par ci par là, une complaisance à mater comme dans un peep show, tout cela est rudement sympathique et donnerait presque envie de voir le film. Sauf que l’art et la manière de Brisseau de mettre en scène se rapprochent dangereusement du téléfilm (ce n’est pas vraiment une nouveauté) et du pensum sans fond inapte à mettre en images ce qu’il veut dire. Personne ne met en doute la volonté du réalisateur d’explorer une voie toute personnelle du cinéma français (à savoir le film d’auteur mixé avec Les galettes de Pont Aven), mais cette aventure est tellement plombée par ses dialogues ridicules et ses acteurs tous plus amateurs les uns que les autres que l’on frôle le Z à chaque instant. Et si Jean Rollin assume son statut de réalisateur Z érotico-fantastique, Brisseau en est bien loin et essaye vaille que vaille de tenir son entreprise à flots, rafiot qui se voudrait voilier mais qui n’est qu’un succédané des pauvres films érotiques de RTL 9 ou de M6, s’ils existent encore… Dire que tout cela est suranné serait lui faire offense, mais l’image parle d’elle-même, ne croyant plus ni à son discours ni à sa force esthétique. L’image est absente et l’aventure se termine dans le vide.
 
Denis

 
 
 
 

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