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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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La Très Très Grande Entreprise
France / 2008
05.11.2008
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DAVID CONTRE GOLIATH
“- Casse-toi pauv’ con.
- Vous parlez mal, monsieur, et c’est pas bien.”
Entreprise, version 2.0. Alors qu’il fallait la sauver dans Ma Petite Entreprise, là, il s’agit de la tuer avant qu’elle ne tue. L’entreprise, c’est l’ennemi, le mal, le côté obscur, c’est Attila derrière lequel l’herbe ne repousse pas. Jolivet ne fait pas dans la subtilité quand il illustre la fracture sociale. Son dernier film raconte clairement l’histoire de la gentille France d’en bas qui monte à Paris pour botter le cul de cette salope de France d’en haut. Simplicité, altruisme et débrouillardise sympathiques pour les uns ; mines sinistres, cynisme et crétinerie caricaturales pour les autres. Un manichéisme et des stéréotypes revendiqués sur lesquels les répliques jouent pour appuyer leur mécanique comique. Pas franchement révolutionnaire dans le propos, et même démagogue, voire populiste, mais efficace dans la mesure où le film se présente comme une comédie sur fond de société et non comme une critique sociale sur le ton de la comédie. Inspiré par les divers scandales qui ont mis en cause des géants économiques, tout y est calibré pour permettre l’identification, créer un maximum d’empathie et donner un sentiment de revanche sociale aux spectateurs. Tous les spectateurs.
En effet, Jolivet fait preuve d’un sens de la discrimination positive à faire pâlir de jalousie les quotas audiovisuels. Le djeun, l’arabe, l’homo, la femme forment le quatuor héroïque qui défie la multinationale dans cette ode à la lutte des classes qui tombe particulièrement à point nommé en cette période de débâcle du capitalisme. Comme dans Ma Petite Entreprise, le système D, le courage et la solidarité font des miracles pour cette bande de James Bond amateurs qui possèdent pour uniques gadgets des téléphones et un ordinateur portables. Et qui, partis pour défendre leurs intérêts, découvrent l’idéalisme. Le résultat est moins drôle que Filles uniques mais tout aussi tonique malgré l’essoufflement et le bricolage scénaristique qui se font sentir à la fin. “En plus, se battre c’est bon pour la santé”. Ca tombe bien, rire aussi. Avant de rentrer chez soi et de continuer à subir tranquillement la crise.
Karine
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