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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Frangins malgré eux (Step brothers)
USA / 2008
19.11.2008
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FRERES POUR RIRE
«- Cette maison est une putain de prison ! »
Avec Frangins malgré eux dites adieu à la gentille comédie familiale des fins de repas dominicaux au coin du feu. Très en forme, le duo comique Will Ferrell / John C. Reilly (déjà réuni dans l’impayable mais inédit Ricky Bobby, Roi du circuit) ne fait pas dans la dentelle et balance du lourd, du couillus, de la pure déconne certifiée deux neurones made in USA. Défouloir jouissif pour les aficionados des comédies bien « grasses », Frangins malgré eux remplit haut la main son cahier des charges, improvisation comprise. En roue libre du début à la fin, nos compères surconsomment chaque situation pour faire de l’absurde un leitmotiv sacrément efficace à la tranche de rigolade proposée. Si l’artillerie lourde est de sortie, le scénario s’entête à vouloir dramatiser une narration par principe anti-dramatique. Ainsi, ce que l’histoire gagne en sincérité elle le perd en délire.
Un décalage par l'absurde qui fonctionne
Comme il ne sert à rien de tourner autour du pot, les présentations se font aussi simplement qu’elles sont évacuées en quelques bobines. L’entame, de ce point de vue parfaite, motive un sujet comique basé essentiellement sur la cohabitation de deux vieux garçons de quarante ans obligés de vivre sous le même toit à la suite du remariage de leur parent respectif. Et là, il ne faut pas être devin pour imaginer les étincelles d’une telle situation. Ça part dans tous les sens, c’est vif, plutôt bien écrit, rythmé, complètement barré et ne reculant devant aucun artifice pour faire fonctionner à fond le pitch de départ (mention « très spéciale » pour la scène, culte, de la batterie). Outre l’efficacité d’un tempo sans véritable temps mort, l’osmose, idéale entre les deux acteurs, se décline au gré d’humeurs changeantes. Tout à tour chamailleurs, égoïstes, grossiers, vulgaires, étourdis, naïfs, capricieux ou créatifs, ils n’hésitent pas à se foutre sur la gueule – tout y passe, du coup de poing au lancé de vélo – ou à s’exciter comme deux mômes de dix piges n’ayant rien de mieux à faire que de construire un lit superposé. Ce décalage par l’absurde marche à fond dans une première partie vraiment drôle.
Un soufflé qui retombe et perd de sa saveur
Sans être raté pour autant, le film devient plus classique dans sa deuxième moitié. Les circonstances choisies (amitié naissante, arrivée du frère de Brennan (Ferrell), séparation des parents…) feront évoluer l’histoire vers l’inéluctable passage à l’âge adulte. La fonction première du duo s’en trouve alors amoindrie au profit d’une morale freinant la dimension comique du film. Plus accessible, la comédie devient également grand public. S’il n’y a pas de quoi fouetter un chat, le soufflé retombe et perd de sa saveur originel. Un peu à l’image d’un final larmoyant où chacun trouvera sa place, affirmera son véritable Moi et osera affronter ses propres peurs. Fort heureusement, cette conclusion en forme d’happy end, ne peut réduire au silence le génie loufoque d’un duo comique au top de sa forme.
geoffroy
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