Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Hello Goodbye


France / 2008

26.11.2008
 



PARTIR REVENIR





Hello goodbye est l'un de ces films que l’on va voir à reculons parce qu’il dégage un parfum de fausse bonne idée. Parce que son titre, emprunté à une chanson des Beatles, sonne faux. Parce que cette énième comédie française de l’année - même si, pour une fois, elle ne traite pas des trentenaires et de leurs romances régressives - promet sur son affiche de donner la pêche aux spectateurs. Parce que, devant une telle légèreté de communication, on ne peut s’empêcher de frémir à l’idée d’un nouveau genre de cinéma franchouillard dont l’ambition serait de remonter le moral des troupes en temps de crise. Et puis, brave et bon public, on réfléchit un peu. Chaque histoire ne contient-t-elle pas par un parti pris naïf, un noyau dur romanesque indispensable à sa construction ? Pourquoi faire la fine bouche ? Pourquoi refuser d’accompagner un couple de seniors sur la terre d’Israël ? Pourquoi ne pas vouloir découvrir Tel-Aviv quand ce sont Gérard Depardieu et Fanny Ardant qui proposent de vous y guider ? On se ravise, s’ébroue, se rassérène et l’on se dit qu’au fond, il y a pire comme bagne !

Tel-Aviv-les-Flots

Alain est gynécologue, ashkénaze et n’a aucune attirance pour la religion de ses origines. Gisèle n’est pas juive, mais s’est convertie lors de son mariage. À l’heure où le fils unique déserte le logis familial, des aspirations spirituelles titillent la dame. Et comme ce que femme veut, Dieu le veut, autant dire que le mari ne fait pas un pli et suit son épouse pour s’installer à Tel-Aviv !
Dès les premières images, le soupçon que l’on refoulait remonte à la surface. Hello goodbye, comme les rives de la Méditerranée, clapote et oublie fâcheusement de faire des vagues. Coule à pic avec son scénario cousu de fil blanc. Touche carrément le fond quand Graham Guit filme Israël avec une caméra si pépère que Tel-Aviv finit par ressembler comme deux gouttes d’eau à Palavas-les-Flots.
Surfant avec opportunisme sur la vogue du cinéma israélien, le film offre un rôle de rabbin falot à Lior Ashkenazi, beaucoup plus inspiré dans Mariage tardif de Dover Koshashvili. Quant à Sasson Gabai, impeccable, il incarne un douanier, pâle copier coller de son interprétation dans La visite de la fanfare d’Eran Kolirin.
Sous le soleil français, rien de nouveau puisque Jean Benguigui, notre Danny Devito national, reprend sa sempiternelle partition de juif pied-noir. Deux jolies surprises, cependant, apparaissent à l’écran : Françoise Christophe, impériale en mère acariâtre et autoritaire ainsi que la trop rare, mais toujours délicieuse Muriel Combeau.

An affair to remember

Et Elle ? Et Lui ?... Deux séquences du film les mettent en lumière d’une façon flottante, presque non scénarisée. Chacun de leur côté.
Fanny Ardant, dans un jeu retenu sur le souffle, parvient à nous cueillir le temps d’un voyage en bus. Soucieuse, elle regarde le paysage avec ce regard brun et voilé qui n’appartient qu’à elle. Soudain, un rayon de soleil surexpose la pâleur de son visage. Cette caresse évapore ses soucis et un sourire se dessine sur ses lèvres. On comprend alors pourquoi les monstres sacrés du cinéma sont les dignes descendants des héros de la mythologie... tant qu’il y aura un astre et un chef opérateur (Gérard Stérin) pour révéler leur éclat.
L’ogre le plus féminin du cinéma français, lui, assis face à la mer Méditerranée, nous offre son dos accablé. De cette masse gigantesque, échouée telle une baleine sur le sable, émane plus de douceur et de fragilité qu’une plume au gré du vent. Malheureusement, une musique insipide souligne le désarroi du personnage. Graham Guit ne sait-il pas que chaque métropole possède sa propre musicalité faite de vrombissements, de klaxons et de brouhahas humains ? Et que Gérard Depardieu, même de dos, n’a pas besoin de justification sonore pour nous émouvoir ?
Dans le premier quart du film, une scène réunit le couple mythique sur un court de tennis. Joli clin d’œil envoyé à La femme d’à côté, le film d’amour le plus noir du cinéma français et qui pourtant, à chaque vision, redonne envie d’aimer. Tout le contraire d’Hello goodbye. Hello François Truffaut, goodbye Graham Guit !
 
Benoit

 
 
 
 

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