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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Les Ailes Pourpres (The Crimson Wings)
USA / 2008
17.12.2008
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LES ROSE-POURPRES DU COEUR
Walt Disney Pictures, sans doute conquis par l’extraordinaire succès de la Marche de l’Empereur et peut être désireux de faire revivre en images la passion du défunt Walt, diversifie sa production cinématographique en créant le tout nouveau label DisneyNature. La firme aux grandes oreilles va donc produire au cours des prochaines années une série de films documentaires sur le monde animalier. Basé à Paris, ce label écolo – très porteur par les temps qui courent –, a pour vocation de mettre en lumière de façon inédite les miracles d’une nature de plus en plus fragilisée par l’Homme. Pour réussir ce pari, rien n’est laissé au hasard (technologie de pointe, scénarisation des sujets, rôle de la musique…), le spectacle opératique se devant d’être à la hauteur du bestiaire cinématographié. Les Ailes Pourpres, première signature du label DisneyNature, déploie ses images grandioses sous la forme d’un ballet rose et blanc à la chorégraphie stupéfiante. Réussite formelle indéniable, le film se regarde sans déplaisir mais peine à insuffler ce supplément d’âme qui en aurait fait une œuvre vibrante.
L’histoire narrée en version française par Zabou Breitman se déroule en Tanzanie sur l’un des plus grands lacs salés de la Vallée du Rift. Unique berceau de reproduction pour des millions de flamants roses, le lac Natron d’une superficie de 80 km2, est un lieu unique au monde de part son taux élevé d’alcalinité (pH de 9 à 10,5). L’idée principale, remarquable, est d’avoir réussi à retranscrire l’osmose parfaite entre un lieu aussi austère et un tel déploiement de vie. Contrairement à d’autres documentaires, l’univers des flamants roses est ici circonscrit exclusivement à cet environnement primordial nécessaire, depuis des milliers d’années, à la préservation de l’espèce . La deuxième qualité du film découle directement de ce parti pris géographique et prend la forme d’une scénarisation un brin désincarnée plus proche du didactisme d’images, il est vrai, somptueuses que d’un long poème autour des flamants roses. Cette vision rend le documentaire original, instructif et proche de l’étude Ornithologique. Sans doute conscient d’un tel résultat, les réalisateurs (Matthew Aeberhard et Leander Ward) et la scénariste Melanie Finn ont pêché par excès d’écriture en nous concoctant une narration boursouflée, poétiquement surligné et redondante.
La mise en scène, linéaire car assujettie aux évènements du lac, ne manque pourtant pas de fluidité et d’inventivité. L’alternance d’images aériennes au dessus du lac ou glissant sur l’eau avec les flamants, de vues d’ensemble d’un décor de feu, de ralentis au plan séquence rythmant la course meurtrière d’une hyène, de plans rapprochés ou de panoramiques interminables, offre toute la panoplie d’une grammaire à même de retranscrire l’incroyable périple de ces flamants du bout du monde. Le ballet orchestrant la parade amoureuse et la chasse aux pas des Marabouts mangeurs d’œufs et de bébés flamants, apportent les seuls moments d’intense émotion d’un film sans doute trop distant et désincarné. Ce paradoxe n’est pas étranger à la didactique choisie, fonctionnant par séquence (arrivée somptueuse des flamants, ballet de la parade amoureuse, éclosion des œufs, menace des marabouts, marche vers la liberté…), dans un montage quelque peu répétitif. Au final et malgré ce manque d’âme, nous nous laissons porter par l’incroyable beauté de ce décor pourpre d’une vie battante pourtant menacé.
geoffroy
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