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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Les enfants de Timpelbach
France / 2008
17.12.2008
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LES PETITES CANAILLES
«- Soyez gentil de ne plus prononcer le mot enfant devant moi pendant un temps… raisonnable. »
Agréable surprise si l’on considère que le cinéma familial en France fait rarement jeu égal avec ses équivalents anglo-saxons. Genre méprisé ou opportuniste, les films pour enfants n’ont pas bonne réputation. Harry Potter ayant montré que le secteur était plus que lucratif, les producteurs français commencent à prendre quelques risques hors documentaire et animation. Les enfants de Timpelbach est une version modernisée de La Guerre des boutons, façon Harry Potter, toujours. Le film rappelle aussi la tentative d’Olivier Dahan avec son Petit Poucet. Mais ici, la narration est bien plus classique, et, en ce sens, séduisante. Et puis soyons honnête, chronologiquement, Timpelbach a été imaginé 60 ans avant le magicien de Rowkling…
Louons quand même une qualité artistique, les fameuses catégories « techniques » des César : les décors (un mélange de fantastique, d’après guerre et de conte folklorique) ; les accessoires avec cette jolue idée des oiseaux mécaniques et messagers ; les costumes, excepté pour les lunettes de Manfred qui ressemblent vraiment trop à celles du magicien de Poudlard : les enfants désaxés portent ainsi des fringues asymétriques et les codes vestimentaires les vieillissent comme il se doit. Ainsi, les voyous, bien plus beaux que les « gentils », portent la cravate, tout en crachant et crochant des pieds. La femme fatale est du côté des chenapans à l’âme obscure tandis que les plus sympas héritent d’un garçon manqué en tête d’affiche.
S’opposent donc deux conceptions du pouvoir : la démocratique, avec ses contraintes, sa liberté de parole et la tyrannique, avec sa violence mais aussi ses tentations décadentes.
A l’heure où les enfants sont de plus en plus précoces, on leur saccage un peu plus tôt leur innocence en les faisant entrer dans un système, comme pour mieux les formater. Réplique d’un pays en miniature, où le grand fossé (voir l’album d’Astérix) sépare les partisans de l’autogestion à ceux de l’autorité dominatrice.
Les gamins, ni ados, ni enfants, ni vraiment « sexués », ni vraiment innocents, jouent parfaitement ces adultes en devenir, avec leur caractère forcément stéréotypé pour un film de ce genre. Les filles paraissent évidemment plus intelligentes que les garçons dans ce village gaulois où les flirts pointent leurs becs.
La mise en scène ne voulant jamais être imposante, impressionnante, Les enfants de Timpelbach se regarde comme un conte naïf, divertissant et efficace, faussement bricolé, précisément étudié. Un air de Caro et Jeunet, sans oser aller dans leur noirceur ou même la dramatisation. Même si la lutte finale et ses blessures de guerre, ses actes irréversibles, ne masquent pas forcément la graine de violence qui sommeille en chaque délinquant : ici, la plupart a moins de douze ans et même Rachida Dati ne peut rien faire. En parfaite Garde des sots, on mentionnera d’ailleurs la prestation nickel chrome de Carole Bouquet, en notable réac et coincée.
vincy
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