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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Twilight - chapitre 1: Fascination
USA / 2008
07.01.2009
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LES MORSURES DE L’AUBE
«- Il te regarde comme si tu étais un sandwich.»
Avec ce premier épisode de la saga issue des livres de Stephenie Meyer, Catherine Hardwicke a réussi à nous faire mordre à l’hameçon avec une histoire qui tient plus de la chronique dramatique d’une adolescente que d’un film fantastique avec des vampires.
C’est sans doute ce qui intéressait en premier lieu la cinéaste des Seigneurs de Dogtown et du très juste Thirteen. Les émois d’une adolescente américaine issue de la classe moyenne, soit le maëlstrom de ses troubles, ses désirs, ses contradictions, ses aspirations, ses questions, produisent l’énergie d’un film essentiellement psychologique. L’action n’est pas absente, mais elle est mineure, ponctuant l’histoire afin de lui donner l’élan nécessaire pour que les épreuves qui se succèdent amènent le personnage de Bella à se retrouver aux frontières de l’aube, entre chiens et loups.
La construction de ce chapitre introductif en forme de "pilote" est d’ailleurs étonnamment proche d’une série TV. Sans rien révolutionner – le mythe de la vampirisation est inhérent à celui de la transformation et la contamination – Twilight renvoie immanquablement à l'univers de Joss Whedon (Buffy). Les dilemmes du passage à l’âge adulte ou de l’appartenance à une communauté sont posés de manière similaires.
Une romance et des fantasmes
Hardwicke propose, en plus, une vision presque documentaire, du monde adolescent actuel. Le film est en cela, et avant tout, un « teen movie ». Avec en décor principal le lycée, pour l’aspect réaliste, et en second plan, la forêt, pour le côté onirique, l’œuvre s’attache à un cadre banal, peu sexy, mais très cinétique. En revanche, il se détache des autres films du genre, en dramatisant l’intriguant, refroidissant les couleurs, et noircissant les desseins. Ici pas de soleil flamboyant et de vêtements pastels, pas de répliques de sitcom, et même l’objectif de sortir avec le garçon « le plus beau » mais « le plus inaccessible » n’a rien de fleur bleue. Notamment parce que le garçon est lui même en proie à des tourments intérieurs.
Cette romance juvénile, où les « pas comme les autres », des adolescents très loin du conformisme et des modes qui les encerclent, sont toujours attirés entre eux, se construit autour de fantasmes : une famille rêvée versus une famille recomposée, un garçon dangereux versus le choix sage et convenu, la quête identitaire versus la perte de l’innocence… Twilight agrémente ces confrontations de personnages secondaires nuancés. Les parents de Bella, par exemple, sont responsables et ouverts, un peu dépassés mais pas obtus. Le père de Edward se comporte en véritable homme de raison, et accueille généreusement cette « mortelle » dans la famille. De même, cela ne gène pas Bella d’être pâle plutôt que bronzée, de conduire une caisse qui ne respire pas la frime, et de préérer les livres au sport, de « souffrir en silence ». Le glamour se situe dans l’allure générale, une direction artistique sans accros, et non pas dans le look individuel de chacun.
Un film calculé, pas formaté
Bien écrit, même si certains effets sont appuyés et certaines scènes trop explicatives, le film, un peu froid par sa mécanique bien étudiée, trouve ses limites quand il sort de cette réalité. Les effets spéciaux sont dignes d’une série B, au bord du ridicule, et l’action est souvent furtive. Ce qui contraste fortement avec la finesse de l’ensemble. Ceux qui ne seront pas charmés trouveront la première partie plombante, un peu lente, mais jamais vraiment ennuyeux, d’autant que le rythme s’accélère dans la deuxième partie. Une fois que l’histoire et les personnages sont posés, l’histoire se libère et peut nous emmener dans cette liaison périlleuse.
Dans l’air du temps, plus mature que les Harry Potter, sans leur démesure non plus, le film, qui a faillit être produit par MTV, montre parfois trop les calculs des producteurs. Cette Amérique pluriculturelle existe bien mais elle semble toujours répondre à des quotas. Ce qui le différenciera certainement des autres films de son époque est le lien entre Bella et les Amérindiens. Car c’est bien la profondeur des relations entre chacun des personnages qui permet de compenser, et même de s’éloigner de cet exercice imposé du film de vampire, avec succion, tentation, soleil couchant, teint cadavérique, surpuissance…
La Bella et les Bêtes
Car la réalisatrice a tenu son pari : on est plus proche du cinéma indépendant que du film hollywoodien grand public. La caméra est instable, à l’épaule, les plans sont serrés, sur les visages, le bled est vermoulu et le lycée mérite d’être retapé. Dans cet environnement pluvieux, sordide, on comprend qu’une fille imaginative et intelligente s’évade dans des contes et légendes à dormir debout. Belle et Edward, incarnés avec grâce par Kirsten Stewart et Robert Pattinson, reflètenet bien le mal être de leur condition mutante. Chacun est mal dans sa peau, souhaite se libérer de ses racines. Cela devrait prendre trois épisodes de plus pour ces deux tourtereaux, auquel le public s’identifiera sans difficulté. C’était peut être le plus grand risque pour les producteurs : le casting. Bella et Edward, incarnés avec grâce par Kirsten Stewart et Robert Pattinson, reflètenet bien le mal être de leur condition mutante. Chacun est mal dans sa peau, souhaite se libérer de ses racines. Pour cela, il leur faudra « enfreindre les règles ». « Une vieille histoire » qui permet à l’humanité d’avoluer à travers les générations…
vincy
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