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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Des idiots et des anges (Idiots & Angels)
USA / 2008
14.01.2009
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MI-ANGE MI-DEMON
Voici un film d’animation tout ce qu’il y a de plus sombre et noir, au sens propre comme au figuré, exclusivement réservé aux adultes.
Bill Plympton laisse, une fois encore, libre cours à son imagination et à son coup de crayon pas comme les autres. Bien loin des dessins léchés de nombreux films d’animation d’aujourd’hui, mister Plympton mise sur tout autre chose et donne volontairement un côté brouillon à ses dessins. Ceux-ci se forment et se déforment, à l’image de l’âme des personnages et principalement de celle d’Angel. Le dess(e)in semble prendre vie seul accentuant le fait qu’Angel ne maîtrise plus son destin ni ses actes. D’une main envolée certains traits ne semblent jamais se finir et s’entortillent pour finalement donner vie à un autre dessin. Ce côté brouillon et transformiste fait ressortir l’aspect lugubre au film ; aspect renforcé par un noir & blanc quasi omniprésent ne laissant que très rarement sa place à quelques couleurs délavées, fatiguées, déçues d’être là.
La forme choisie, sans dialogue, donne encore plus de force aux dessins de l’artiste. Le coup de crayon ainsi que la musique (sublime) réussissent à eux seuls à donner vie à cet univers particulier et à ces personnages que Bill Plympton plonge dans un monde où sinistre et solitude se côtoient pour ne faire plus qu’un. Les personnages noirs de Plympton symbolisent notre société. Par leur biais, ce dernier réalise une comédie sarcastique où les côtés les plus abjects de chacun ressortent, s’en donnant à cœur joie. A travers cette comédie de la vie, c’est la vision cynique de la société qui déploie ici ses ailes, mais pas seulement.
Cynique et poétique
En parlant d’ailes, ce sont elles qui sont au centre du récit. Angel, notre héros ou plus exactement notre anti-héros, passe ses journées à picoler dans un bar lugubre reluquant la femme du patron et se moquant de tout et tous et se réveille un jour avec deux ailes greffées dans le dos. Voyant en elles un véritable handicap il tente de s’en débarrasser. N’y pouvant rien, il décide alors de les utiliser afin de l’aider à satisfaire ses plus vils penchants. Mais celles-ci lui prouvent rapidement qu’elles ont leur propre volonté et sont ici pour qu’il fasse le bien autour de lui.
Derrière l’aspect sombre et cynique du film, Bill Plympton laisse entrevoir un petit puits de lumière. Celui qui est en chacun de nous et fait que tout être peut changer s’il le désire vraiment, et si on l’aide un peu. Symbole d’une force intérieure, les ailes montrent à leur propriétaire que rien n’est immuable et que tout est finalement possible. Mais loin d’adopter une vision niaise, Bill Plymton joue avec les contraires et met en scène des personnages hauts en couleurs, si je puis me permettre, avec chacun leurs nombreux travers. Et, si le Bien peut l’emporter, il reste conscient que c’est loin d’être une généralité pouvant s’appliquer à tous.
Totalement surréaliste et, dans un sens, onirique, Des idiots et des anges se révèle être une métaphore filée d’un bout à l’autre du combat violent et infini que ne cessent de se livrer le Bien et le Mal. Roi du coup de crayon, Bill Plymton donne vie à tout un univers hors du commun qui ne cesse, par la suite, de nous trotter dans la tête…Une petite merveille.
Morgane
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