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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Donnie Darko
USA / 2001
30.01.02
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LE COUP DU LAPIN
"- J'ai un nouvel ami, il s'appelle Frank…
Entrant dans la cour des grands, Richard Kelly se révèle être un jeune réalisateur enthousiaste. Loin de se contenter d'un thème central pour son premier essai en long, il a choisi d'aborder avec Donnie Darko un certain nombre de genres cinématographiques incontournables. Du teenage movie au fantastique, en passant par la satire sociale, bon nombre de sujets semblent l'inspirer. Cinéphile dans l'âme, il se fait également une joie de rendre hommage à ses illustres modèles. Son admiration s'oriente essentiellement vers les wonderboys californiens, de Spielberg à Cameron, en passant par Joe Dante. De la banalité du quotidien surgissent ainsi les évènements les plus inattendus et inévitablement les plus spectaculaires (un réacteur de boeing sorti de nulle part s'écrase sur un pavillon de banlieue au petit matin).
Lorsqu'il parle de la famille, de la période douloureuse de l'entrée dans l'âge adulte, il est difficile de ne pas penser aux comédies douces amères que réalisa John Hugues dans les années 80 (The Breakfast Club, Ferris Bueller's Day Off), la bande son datée soulignant l'aspect rétro. De ce fait Donnie Darko peut paraître moins indie que les premières œuvres centrées sur l'adolescence de Sofia Coppola (Virgin suicides) ou de Todd Solondz (Welcome to the dollhouse). Il n'en fait pas pour autant de Kelly un futur faiseur standardisé et en manque de personnalité. Installant avec un talent évident une atmosphère étrange et singulière, son film parvient à surprendre.
Hélas, son manque de maitrise fait qu'il se retrouve rapidement en difficulté lorsqu'il s'agit d'aller au bout de toutes les directions qu'il a choisi d'emprunter. On retrouve ainsi certains personnages sur le bord de la route (Noah Wyle et Drew Barrymore dont le jeu est réduit à la plus simple expression et qui paraissent se demander quel est leur rôle dans cette histoire). En balladant le spectateur perpétuellement entre réalité et illusion (Donnie Darko est il fou ?) le jeune réalisateur brouille une intrigue déjà en manque de limpidité. Il choisit pourtant d'aller encore plus loin en s'attaquant au paradoxe temporel, figure on ne peut plus casse gueule qui nécessite la plus grande des rigueurs (Brad Anderson s'y était brisé les dents l'année dernière avec sa comédie romantique Happy accidents pour des raisons semblables).
Au final Donnie Darko se résume à un coup d'essai pas forcément transformé, truffé d'audaces rigolotes (Patrick Swayze en caricature de gourou faux cul et à la moralité douteuse, la mise en boîte du système d'éducation américain passablement consternant). Autant de petites perles qui auraient mérité plus de concision dans le récit. En prenant de la bouteille Richard Kelly pourrait devenir un auteur à suivre, pour peu qu'il fasse un peu le tri dans ses idées. petsss
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