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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Coco avant Chanel
France / 2009
22.04.2009
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EN ATTENDANT LE SACRE…
«- Ce qu’il y a de plus embêtants avec les surnoms c’est qu’on ne eut plus s’en défaire. »
Il y a dans la tentative d’Anne Fontaine, quelque chose de paradoxal. Le film opprime l’élan dynamique du destin de Gabrielle « Coco » Chanel, de son enfance à son premier défilé. Elle qui fut l’acompagnatrice de la libération de la femme, qui les fit respirer en leur ôtant leur corset, est l’objet d’un film qui frustre le spectateur, étouffant chacune de ses émotions.
Coco avant Chanel n’est pas un film biographique habituel. Il ne se concentre que sur une partie de la vie de la styliste, avant même qu’elle soit riche et célèbre, et privilégie ses deux histoires d’amour fondatrices plutôt que de livrer un « best of » de son « making of ».
L’intention était louable : sortir le « biopic » de ses sentiers battues. Mais Fontaine en oublie tout simplement le rythme dans un scénario qui est dépourvu de rebondissements. Et pourtant, le film n’est pas inintéressant…
L’œuvre est suffisamment riche en thèmes souterrains qu’elle peut se lire à plusieurs niveaux : politique et social avec l’émancipation de la femme et la fin des rentiers, psychologique avec ceux qui aspirent à la célébrité et ses avantages et ceux qui ont investissent et travaillent pour gagner leur vie… L’itinéraire de cette enfant pas gâtée prend vie grâce à de bonnes répliques et des personnages colorés, aux dialogues incisifs. Il n’y a rien de mièvre et cela laisse peu de place au sentimentalisme.
Parfois la cinéaste est même inspirée lors de plans furtifs mais évocateurs, beaucoup plus âpres et stylés que de nombreuses séquences languissantes. Cette Chanel qui marche vite, déboutonnant son corset, comme pour signifier sa volonté urgente de respirer, de se libérer de ce carcan sociétal. Surtout ce rapport au tissu, au textile, cette mise en lumière de la matière… Fontaine, par petites touches, filme les noirs et blancs, les liserets, les couleurs, leurs effets de souplesse, tout ce qui fera la source de création de Coco. Car, de temps en temps, il y a une ambition cinématographique, qui pallie aisément les trous d’air du scénario. Quand Coco est face à c’immenses espaces vides et naturels, inspirant la plénitude, le regard de la metteuse en scène sauve des enchaînements proche du téléfilm.
C’est d’autant plus regrettable que tout le reste est là. Un personnage extraordinaire, un caractère peu correct, des passions peu conventionnelles… Sans parler de ce sujet en or autour du mensonge, de la vérité, de l’histoire, de la légende, … Coco avant Chanel aurait ainsi pu transcender le personnage s’il n’avait pas été aussi amoureux, aussi respectueux du mythe. Mais Fontaine, en conservant trop ses attaches à son cinéma, s’est emprisonnée dans ses mouvements du cœur, les déris, les flammes, les phases de séductions destructives… Coco amoureuse aurait été un meilleur titre. Car en attendant le succès de la modiste, le spectateur s’impatiente devant tant de tourments sans inétrêts, car trop intéressés.
Vaguement ennuyeux, le film passe ainsi d’un Balsan vieille France (Poelvoorde, impeccable et juste) à un Boy Capel gentleman (Nivola, trop fade, trop lisse). Coco est alors toujours dépendante des hommes, de leur argent, de leur statut. Avant qu’elle ne soit elle-même mécène, entretenant les Stravinsky et autres artistes internationaux.
Mais en fait Coco avant Chanel c’est surtout Audrey après Amélie. Tautou, qu’elle soit la cocotte gouailleuse, avec des chansons grivoises, des débuts de Chanel, ou la chapelière triomphante, pas très tendre, et travailleuse, est davantage qu’une incarnation : c’est une identification. Elle trouve ici un rôle magnifique et charismatique où, subtilement, elle préfère amener le personnage à elle, plutôt que de l’imiter ou se grimer comme elle. Une interprétation « moderne » où elle apporte une fraîcheur romantique, une candeur qui se métamorphose naturellement en dureté, qu’aucune autre n’aurait pu amener. Coco est souvent trop glamour, Audrey lui donne des racines. Le film est ainsi entre bonheur et indifférence. Comme Balsan l’avoue. Avec un film mieux tenu, « on aurait été heureux. ». Ce à quoi Chanel répond lucidement « parce qu’on est malheureux ?» . Pas vraiment, mais déçu, oui.
vincy
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