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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Duplicity
USA / 2008
25.03.2009
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JEU(X) DE DUPE(S)
"Admets-le, toi aussi, tu doutes de moi…"
"Qui manipule qui ? interroge l’affiche du film. La réponse, bien sûr, est : "tout le monde"… mais n’est-ce pas toujours le cas ? Dans ce thriller en forme de comédie romantique (et réciproquement), chaque personnage prend un malin plaisir à duper son semblable, ou du moins à le lui faire croire. Il règne ainsi une jolie pagaille, pleine de légèreté et d’insouciance qui, associée à une mise en scène par moments légèrement surannée, rappelle les beaux jours de la comédie romantique américaine. C’est d’autant plus vrai qu’à l’instar des films de l’époque, tout repose sur le duo d’acteurs central, Julia Roberts (très Katherine Hepburn) et Clive – appelez-moi Cary Grant – Owen.
Sexys, insupportables et irrésistibles, ces deux-là donnent vraiment l’impression de s’amuser, surtout lorsqu’ils semblent partir en roue libre dans de longs dialogues savoureux en forme de ping-pong verbal. Ils sont même parfaitement crédibles en pros de la désinformation qui préfèrent jouer au chat et à la souris plutôt que de prendre le risque de baisser leur garde. Malheureusement, leurs différentes scènes communes tournent rapidement toutes autour de la même idée : le fait que, en raison de leur passé tumultueux, ils ne peuvent pas se faire confiance. Ce qui, en plus d’être maladroitement souligné par un comique de répétition un peu raté, finit par totalement parasiter le versant "action et espionnage" de l’intrigue, et casser le rythme effréné du récit.
Tout le côté "pétillant" de leur relation s’évente ainsi au cours de la deuxième heure, le "champagne narratif" laissant place à un breuvage plus formaté qui alterne flash-back explicatifs et séquences actuelles démonstratives. On retombe assez sagement dans le film d’espionnage classique, avec montée en puissance du suspense et succession de rebondissements fortement anxiogènes. Même l’incontournable "twist" final (pourtant pas trop mal amené) est alourdi par une longue série d’explications oiseuses marquant définitivement le retour du film dans le "droit chemin" du thriller contemporain grand public.
MpM
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