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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Les 3 Royaumes (Red cliff - Chi bi)
Chine / 2008
25.03.2009
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L’ART DE LA GUERRE
« Si je renonce à protéger le peuple, cette guerre n’a plus de sens. »
Cela faisait longtemps que John Woo s’enlisait dans de pâles productions qui se résumaient à l’utilisation de ses symboles fétiches et à des scènes d’action spectaculaires mais fades. Les Trois Royaumes est une fresque guerrière qui le ramène en Chine, et lui permet de venir rivaliser avec le propagandiste Zhang Yimou ou le dilettante Chen Kaige. Incontestablement, il s’agit de son meilleur film depuis Volte/Face, il y a plus de dix ans. Sans retrouver l’inspiration de ses premiers films d’action, il a réussit à insuffler une énergie que l’on croyait perdue.
Bien sûr, ses icônes sont omniprésentes : les giclées de sang, les flammes, les oiseaux – colombes, corbeau, aigle… En quelques minutes, le style du cinéaste s’intègre dans les plans. Sa mise en scène est fluide, assurée, et Woo déploie son histoire avec une facilité presque déconcertante tant le sujet est complexe. Alors, oui, le début est difficile à suivre avec cette profusion de personnage qu’on nous présente en peu de temps. Le prologue s’arrête avec l’arrivée de Tony Leung, la star, et dernier héros à nous être présenté, de manière évidemment singulière.
Rapidement, tous les protagonistes sont identifiés, et les antagonistes aussi. Avec une réelle maîtrise, le réalisateur parvient surtout à nous faire comprendre chacune des trois batailles. Rarement les combats sont confus, contrairement à la plupart des productions récentes abusant d’un montage frénétique. L’espace est ici bien définit, les ruses et astuces sont bien expliquées. Un parfait Manuel (pour les Nuls) de la stratégie militaire.
Péplum moderne, et viril, Les trois royaumes est avant tout l’histoire de trois hommes (et d’une femme), de trois batailles (et du destin de cette femme). Contrairement aux blockbusters commandités de Zhang Yimou, le film ne cache pas de message déguisé à la gloire de l’unité de la Chine et du régime communiste. Ce n’est qu’un récit homérique en trois temps où l’enjeu est porté sur l’orgueil et la chance des seigneurs de guerre. Valeureux soldats, vaillants généraux, armes en tous genres, … il ne faut pas attendre du Shakespeare ou de l’émotion. A de rares exceptions – apartés sur le thé, sagesse philosophiques, - les dialogues ne font qu’annoncer ou illustrer les combats. La première bataille est furtive, la deuxième plus longue, la troisième interminable. Woo maintient la tension grâce à un bon rythme, une diversité de fourberies militaires et des chorégraphies martiales. Ajoutons un cérémonial du thé et un vent qui tourne, et la dernière heure du film s’élance dans de multiples rebondissements, très divertissants.Cette énième version de David contre Goliath, mise sur la magnificence d’une direction artistique méticuleuse pour épater l’œil du spectateur.
En 2h25, le cinéaste fait une bonne synthèse de cette épopée. La fresque guerrière était sans doute plus riche psychologiquement et humainement dans sa durée asiatique initiale de 4h40. Ersatz de super production, Les trois royaumes assure le spectacle en termes d’aventures, mais nous fruste quant à sa dimension historique. Certes, « un grand dessein vaut quelques sacrifices ». Mais Woo aurait pu imposer une version plus longue, moins superficielle, au cinéphile occidental. Sa virtuosité en matière d’action méritait, pour faire un grand film, qu’il démontre aussi son talent à mettre en scène des liaisons amicales et belliqueuses qui auraient permis aux personnages d’exister au-delà de leur titre militaire.
vincy
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