|
Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
|
|
|
|
|
OSS 117 : Rio ne répond plus
France / 2009
15.04.2009
|
|
|
|
|
|
DU RIFIFI À RIO
« - C ‘était lesquels les chinois alliés aux nazis ?
- Les Japonais. »
On prend les mêmes et on recommence. Ce n’est pas une suite, mais une transposition : deux bombes dont une espionne plus intelligente que le héros, un président vénéré (ce n’est plus Coty mias De Gaulle), des nazis partout (sauf à l’Ambassade d’Allemagne).. et Jean Dujardin, dans son costume taillé sur mesure d’OSS 117. Rio ne répond plus n’est en fait que la transposition en Amérique du Sud et dans les années 60 de Le Caire, nid d’espions, plutôt axé années 50 et monde arabe.
Les références changent avec l’époque, mais le héros reste le même : abruti, arrogant, chanceux et vaniteux. Entre chinoiseries et vague hippie, notre valeureux franchouillard en costard continue ses frasques. Rien que le prologue est un carnage grandguignolesque. James Bond parodié, mais pas seulement. Hitchcock est une fois de plus omniprésent. De L’Homme de Rio aux Enchaînés, de Sous le plus grand chapiteau du monde à To be or not to be, en passant par Sueurs froides et le Retour du grand Blond, les clins d’œil se multiplient discrètement, s’insérant avec brio dans la direction artistique toujours impeccable et la mise en scène soignée. En revanche le scénario est moins rythmé, mais peut être plus maîtrisé. Les gags sont plus irréguliers, ou faciles (la grande famille chinoise, ça peut lasser…). On notera que la poursuite dans l’hôpital est un grand moment « melbrooksien ». On s’amusera de ce barbecue improbable en pleine jungle. Mais les situations sont souvent plus ironiques qu’hilarantes, explorant les deuxièmes et troisièmes degrés avec jubilation.
Car les dialogues sont subtiles. Maniant avec habileté le racisme du personnage (« les sales rouges », « les sales jaunes », les deux couleurs concernant les chinois), il permet à ce mufle misogyne de s’en sortir avec brio, sur un malentendu. Le spectateur se régale, ayant l’impression que le divertissement n’ait pas seulement dans des effets visuels ou des séquences d’actions, plus souvent drôles puisque ridiculisant le superman raté. Le film s’avère ainsi profondément anti-gaulliste, se moquant ouvertement des vieux con conservateurs de l’époque (« Tôt ou tard, cette jeunesse se fera couper les cheveux »). D’ailleurs, ce coup-ci, ce n’est plus une scène homoérotique dans un sauna, mais bien un plan cul avec un baba cool sur la plage. Le français se fait « enculer » dans tous les sens du terme.
Tout cela sonne juste et fait sourire grâce au jeu distant, élégant et nuancé de Dujardin. Il a le décalage et la dérision qu’il faut pour que l’ensemble fonctionne. Il faut avoir un certain talent quand, nonchalamment, un comédie parvient à faire rire avec des blagues affligeantes. Paradoxalement celui qui va interpréter l’homme qui tire plus vite que son ombre est ici celui qui a peur de son ombre. Fâcheux pour un agent secret.
OSS 117 s’avère une saga sublimant l’absurde des films du genre. Qu’on voi celui-ci en premier ou à la suite de l’autre n’a aucune importance. De toute façon OSS n’a pas d’âge. Et ce « sacré Hubert » il a « toujours le mot pour rire ». En tout cas il perpétue l’humour « Nul », où la suffisance et la crétinerie sont érigés en art caustique. vincy
|
|
|