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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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La maison du Docteur Edwardes (Spellbound)
USA / 1945
19.03.48
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INTERPRETATION DES REVES
Amoureux du crime, du suspens et d'histoires crapuleuses, Alfred Hitchcock réalise en 1945 ce qui peut paraître comme un énième film du genre. Une disparition mystérieuse, un homme suspect et poursuivi et une femme "forte" qui est la voix de la raison.
Mais La maison du docteur Edwardes, même s'il comprend des thèmes chers à Hitchcock, se situe à part dans sa filmographie, se focalisant sur la psychanalyse qui fascinait tant le cinéaste. Hitchcock ne l'approchera jamais aussi frontalement qu'avec ce film (Vertigo, par la suite, creusera le sillon). Il prouve surtout que son génie et son imagination dans le domaine du crime sont sans limite et qu'il n'a aucun mal à se renouveler dans ce genre.
L'intrigue se situe chez les psychiatres où officie le Dr Petersen (Ingrid Bergman, sublime d'ambiguité, de compassion et d'impuissance) qui voit arriver son nouveau patron, le Dr Edwardes (Gregory Peck, beau et tourmenté comme un Montgomery Clift), dont elle tombera éperdument amoureuse. Très rapidement, Hitchcock installe une tension (qui se fera de plus en plus palpable), parallèlement à une charmante idylle entre les deux principaux protagonistes. Une histoire d'amour qu'il torturera jusqu'à la dernière minute.
Mais la machine se met véritablement en branle lorsque est révélé le subterfuge, nous obligeant à relire différemment tout le début du film et ainsi soupçonner celui qu'on ne croyait pas. La vérité ne peut être connue que si notre "fou" recouvre la mémoire... L'amnésie est un bel alibi. Les clefs de l'énigme, les réponses à l'intrigue se trouvent dans la tête de Gregory Peck. Un puzzle dont il faut trouver les pièces et les mettre à l'endroit. Et Hitchcock tiraille le spectateur vers deux finalités possible: soit Peck est un assassin, soit il est innocent du crime qu'on l'accuse, comme le soutien Ingrid Bergman qui croit dur comme fer en son innocence.
Et rien n'est simple. Car il a des excès de violence et de folie. Il perd l'esprit, devient incontrôlable et s'évanouit sous la pression. Une pression qu'Hitchcock intensifie tout au long du film. Il joue d'ailleurs sur la personne de Gregory Peck qui est un acteur plutôt neutre et qui peut donc aussi bien jouer un meurtrier qu'un innocent, qui peut paraître l'un ou l'autre successivement. Il joue également sur la beauté, le charme et la fragilité d'Ingrid Bergman qui met sa vie en danger pour sauver l'homme qu'elle aime. On craint alors qu'elle ne se fasse tuer, qu'elle se trompe sur l'innocence de son malade.
Est-il innocent ? Où ses pulsions incontrôlables vont-elles le mener ? Quelle horrible vérité allons-nous découvrir ? Autant de questions auxquelles Hitchcock se garde bien de répondre jusqu'à l'apparition du rêve, élément clef du film et pur moment de plaisir. Retranscrit, traduit par les dessins de Salvator Dali, le rêve de Gregory Peck est un tournant dans le film. Le moment où la psychanalyse prend tout son sens, où elle se matérialise, où Hitchcock donne à l'irrationnel une forme rationnelle. Un tournant visuellement avant-gardiste, et cinématographiquement génial. La collaboration entre deux créateurs de cette trempe, sans être complètement aboutie, rend l'oeuvre singulière. Sans être un chef d'oeuvre, Spellbound marque l'histoire du cinéma pour cette séquence si particulière.
Un rêve qui est la clef de l'énigme et que la belle Ingrid Bergman résoudra dans un final éclatant et maîtrisé. La maison du Docteur Edwardes est un film admirablement mené par Alfred Hitchcock qui ne laisse jamais filtrer le moindre doute. Oppressant et rythmé, il est surtout un hymne à l'amour, et à sa folie. Benjamin
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