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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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X Men Origins : Wolverine
USA / 2009
29.04.2009
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PLAISIR GENETIQUEMENT MODIFIE
"Vous souffrirez plus que n’importe quel être humain n’est capable de le supporter… mais vous aurez votre revanche."
Après L’affrontement final auquel on a assisté dans le dernier volet de la trilogie X-Men, difficile d’imaginer une suite aux aventures de nos valeureux héros-mutants. Qu’à cela ne tienne, les scénaristes hollywoodiens jamais à cours d’idées ont décidé de s’intéresser aux "origines" de la saga, en suivant le parcours chaotique et mystérieux de l’un de ses plus charismatiques personnages, l’invincible Wolverine. Le temps est donc venu d’apprendre comment celui qui se fait appeler "Logan" s’est retrouvé recouvert d’un métal indestructible, l’adamantium, et dans quelles circonstances il a perdu la mémoire. Bon, c’est vrai, les précédents volets de la franchise avaient déjà livré certains éléments de réponse, mais cette fois-ci, on a droit à la version longue, avec, comme il se doit, un petit passage par l’enfance du personnage (et son fameux "traumatisme originel") ainsi qu’un suivi méthodique de son évolution.
Wolverine, héros "fleur bleue" ?
Résultat ? Incontestablement, confier la réalisation du film à Gavin Hood, à qui l’on doit le très mélodramatique My name is Tootsie, était une idée douteuse. Au lieu de livrer un actionner survitaminé exploitant à fond le physique animal de Hugh Jackman et la concentration de testostérone qu’il représente, le réalisateur mise tout sur le côté "fleur bleue" ( ?!) du personnage et se prend les pieds dans d’invraisemblables histoires de rivalité et de vengeance. Du coup, les ficelles du scénario ressemblent à des cordes (ah, le bon vieux coup de l’inconsolable chagrin d’amour conduisant le héros à basculer du côté obscur de la force…) et le récit s’avère particulièrement laborieux, voire poussif. Ne parlons pas de la mise en scène, qui regorge de plans emphatiques à fort potentiel lacrymal (Wolverine portant son grand amour assassiné dans ses bras, en pleurs, et filmé dans un splendide plan en plongée écrasante) accompagnés de violons déchirants (et même, une fois, d’un orage !).
Du coup, il nous avait presque échappé que Wolverine est un film d’action réclamant son dû de cascades, de batailles et d’effets spéciaux. Autant dire que Gavin Hood s’empare de ces passages obligés avec une application d’élève studieux qui le mène vers un niveau honorable (le divertissement est soigneusement calibré à défaut d’être franchement novateur) sans lui éviter la mention "peut mieux faire". Les séquences de combat sont en effet trop singulièrement dépourvues d’imagination pour être plus qu’une succession de duels arme blanche contre arme à feu, moto contre hélicoptère, mutant contre mutant… Il manque de la chair, de l’ampleur, peut-être un peu d’ambition pour qu’un véritable souffle épique se lève. Au lieu de cela, il faut attendre la dernière partie pour que quelque chose s’anime enfin, grâce notamment à l’entrée en jeu des autres mutants.
Destin personnel versus parabole universelle
Car la solitude ne sied pas à Wolverine, et la plus mauvaise idée de toutes était peut-être après tout celle de faire ce spin-off. Avoir désolidarisé les X-men pour ne mettre en lumière que l’un d’entre eux, avec ses problèmes et ses drames personnels, ôte beaucoup de sel à une franchise qui se basait jusque-là sur des questions philosophiques, politiques et existentielles liées à la notion de groupe et d’appartenance. Dès lors, on n’est plus dans la parabole universelle qui rendait si passionnants les trois précédents films, mais dans une banale histoire de destin, de dilemme intime et de sentiment de devoir. La question de la différence passe de vitale et essentielle à anecdotique et maladroite : n’est-ce pas le propre de chaque être humain que d’être différent des autres ? La métaphore ne fonctionne plus.
Pire, ce qui aurait pu la remplacer, la dichotomie humanité / animalité qui hante Wolverine, est à peine effleurée. Ce questionnement fondamental du personnage se retrouve en effet cantonné à quelques phrases de dialogue et jamais réellement matérialisé à l’écran. Celui qui était le personnage le plus "déviant" de la bande devient une sorte de boy scout assez peu sanguinaire, gardant systématiquement en tête la nécessité de sauver les innocents et sachant toujours exactement de quel côté penche la morale. On est loin d’un individu irrésistiblement attiré par la force brute et sauvage… Au contraire, son "frère ennemi", Victor (plus connu par les fans de Marvel comme "Dents de sabre") est une caricature ambulante de méchant avide de sang et de haine. Alors Hugh Jackman a beau être impeccable, comme toujours, efficace dans l’humour mordant comme dans l’action, et sexy chaque fois qu’on lui en donne l’occasion (c’est-à dire trop peu souvent), difficile de s’enlever de la tête que tout ça est par trop manichéen, même pour un film de super-héros.
MpM
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