Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Star Trek


USA / 2009

06.05.2009
 



ENTREPRISE BANCALE





«- Quel est votre nom ?
- Mon nom est James Tiberius Kirk !
»

Sept ans après le pathétique Star Trek Nemesis du pourtant solide Stuart Baird, l’une des franchises US les plus emblématiques de ses trente dernières années nous revient sous la houlette du wonder boy télé J.J. Abrams. Ce choix n’est pas anodin et vise à relancer la franchise par le biais d’un cinéaste convaincu du bien fondé de cette opportunité. « Je n’ai jamais été fan. Car la science-fiction à la Star trek m’a toujours laissé de glace. Finalement, j’étais le meilleur pour le job ». La modestie n’étant pas la principale qualité du créateur de "Lost" attardons nous, alors, sur la vision de ce nouvel opus articulé sous la forme d’une préquelle – c’est la mode en ce moment – narrant les origines des futurs « cadres » du vaisseau U.S.S. Entreprise.

Malgré une introduction rondement menée et désireuse de dépoussiérer une bonne fois pour toute le matériau originel, le film ne peut s’empêcher de dériver vers le spectacle pop corn survitaminé un brin foutraque. Si les codes du Space Opéra sont malgré tout présents (enjeux multiples avec batailles spatiales, créatures extra-terrestres, exo planètes, univers à sauver…), l’objectif est clairement (trop ?) affiché : séduire les fans déçus des derniers longs métrages mou du genou et tous ceux, nombreux, n’ayant jamais vraiment adhéré à l’univers philisophico-spatial de Gene Roddenberry. Et c’est là que le bât blesse ! J.J. Abrams n’étant tout de même pas un manchot, il imprègne son film d’un rythme échevelé à grands renforts d’effets spéciaux réussis sous fond d’histoire spatiotemporelle rocambolesque pour ne pas dire absurde. Alors oui, il envoie du lourd mais de façon désincarnée, artificielle et sans véritables enjeux. Nous ne voyons jamais poindre, sur les 2h08 que dure le film, la moindre tension, ni l’imminence du danger. A vrai dire, le cinéaste s’en fout et préfère s’amuser avec ses nouveaux jouets plutôt que de réinvestir intelligemment le rôle d’une fédération (Starfleet) et des questions philosophiques sous-jacentes. En prétextant que la mythologie développée serait trop hermétique à un large public – ce que les box office des quatre premiers films contredits – le « yes man » à lunettes lui enlève sa substantifique moelle humaniste et allégorique en nous livrant un énième film de science fiction dont la seule et unique fonction est de divertir. C’est sans doute la raison pour laquelle la mise en scène s’avère aussi brouillonne, hachant l’histoire, négligeant la profondeur dramatique des multiples situations proposées pour ne retenir qu’un exotisme cheap manquant assurément de charme.

Un budget enflé qui ne comble pas un scénario vide
L’habile Abrams habille donc ce Star Trek new age d’un concept à même de lui offrir les clés d’un réel changement de ton en proposant l’idée du bouleversement temporel. Bien que cette thématique soit très présente dans l’univers « startrekkien », son utilisation à de quoi interpeller. Sa dimension circonscrite à la thématique primaire de la vengeance ne sert, en fin de compte, qu’à (ré)écrire l’histoire des personnages en les redéfinissant psychologiquement. Le processus narratif nous semble étrange et à vrai dire inutile, surtout lorsque l’on se retrouve, au final, avec les archétypes qui définissent depuis 40 ans Star Trek. Les dispersions scénaristiques, les libertés de ton et d’approche ou encore les anachronismes volontaires renforcent l’idée d’une appropriation prétexte très loin des réflexions métaphysiques sur l’homme et son interaction avec l’univers. Au lieu de cela, J.J. Abrams nous vend une histoire à tiroirs "abracadabrantesque" et préfère se concentrer sur les rencontres et autres chassés croisés des jeunes Kirk, Spock, McCoy, Scotty ou encore Uhura. Les situations, délibérément décalées, font sourire cinq minutes mais laissent un goût d’inachevé. Ronronnement futile de scènes digne d’une série TV de luxe, les visuels à 150 millions de dollars ne suffisent pas à masquer la vacuité d’un scénario où il est bien difficile de ressentir une quelconque empathie pour les personnages (le rôle du méchant Romulien interprété par un Eric Bana transparent est d’une caricature à pleurer). Ce triste constat est un peu à l’image de l’hommage rendu à Léonard Nimoy interprétant un vieux Spock fatigué qui se demande ce qu’il fout là, ou cette façon assez impersonnelle de nous dévoiler le chantier de l’U.S.S. Entreprise : deux plans, dix secondes. Un blasphème !

Alors on se dit que Monsieur Abrams n’a pas saisi la dimension symbolique d’un vaisseau explorateur naviguant dans l’espace, frontière de l’infini où aucun homme n’est jamais allé. La suite du film nous donnera, hélas, raison.
 
geoffroy

 
 
 
 

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