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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Millénium, le film - Les hommes qui n aimaient pas les femmes
/ 2009
13.05.2009
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COLD CASE
« Il y a peut-être une logique. A vous de la trouver. »
Vous avez lu le livre ? Le film ne devrait pas vous décevoir tant les personnages sont charismatiques et crèvent l'écran, l'histoire est sordide, violente, captivante à souhait, et finalement, le suspens est bien présent malgré la longueur de l'oeuvre. Tout fonctionne.
Vous n'avez pas lu le livre ? Le film devrait vous happer pour toutes ces raisons, la surprise en plus.
« - Donc tout a déjà filmé ?
- E c'est déjà sur le net. »
Millénium, thriller 100% suédois, reprend tous les codes du polar d'investigation, et s'est donné les moyens de vouloir séduire un large public, habitué aux productions hollywoodiennes, avec une direction artistique et une mise en scènes soignées. C'est une sorte d'anti-Da Vinci Code. Bizarrement, l'enquête, aussi intéressante soit-il, n'est pas ce dont on se souviendra. Une obscure histoire de famille dégénérée, c'est-à-dire richissime, en grande partie fasciste, et insulaire, où se croise rituels sataniques et disparition d'une des héritières... il y a plus de 40 ans. Remonter le temps avec les technologies actuelles (trop facile Photoshop), trouver un esprit dangereusement criminel, on l'a vu dans de nombreuses séries. Millénium surfe sur notre société voyeuriste, angoissée, cruelle et sur les peurs contemporaines. Des crimes atroces, des rapaces à l'honneur douteux, de la cupidité à foison. Tous des pourris.
Le mal étant identifié, entraînant d 'innombrables variantes de la perversion, il fallait deux archanges faisant le bien, croyant en la justice. Cela commence avec un journaliste idéaliste, dont le nom est sali à cause d'un patron de multinationale qui l'a piégé pour discréditer sa réputation d'homme intègre. Blanc comme neige, mais accusé. Michael Nyqvist endosse parfaitement le costume. Et puis il y a elle. Lisbeth.
La petite fille aux allumettes
Parfois, le personnage secondaire devient le centre de toutes nos attentions. Noomi Rapace, inconnue de nos services, anorexique, un brin gothique, technologique jusqu'au bout des neurones, bisexuelle, féminine, franche, déterminée, underground, dérangée. Un cocktail explosif dont le passé nous est rappelé par petits flashs. Une véritable héroïne de Manga. Mémoire visuelle surhumaine et tatouages inclus. Le cinéma ne pouvait que se laisser envoûter par une telle femme. Le film lui réserve d'ailleurs deux séquences hors sujet, mais définissant parfaitement le personnage. Deux scènes avec son tuteur. Un où elle prend des coups, un autre où elle va les rendre, et pas de la plus gentille des manières. Ces deux longues séquences, violentes psychologiquement, pas tendre physiquement, marquent et nous attachent littéralement à elle.
Ce duo est un des plus intéressants que le cinéma nous ait proposé depuis des lustres, dans le film policier.
Enfin, il y a une certaine force des images. Car le réalisateur n'est pas un deux de pique. Il laisse le naturalisme se mêler à des plans pourtant très travaillés. Impossible de ne pas remarquer ce filet de salive qui s'échappe des lèvres de Lisbeth, quand elle allume une clope, ravagée par ce qu'il vient de lui arriver. Cela n'empêche pas des plans plus classiques sur un tatouage assez raté brûlant la peau ou des crimes dégueulasses. Il faut bien nourrir nos cauchemars. Le cinéaste s'offre aussi quelques plaisirs comme filmer une assemblée familiale, tous potentiels coupables, à la manière d'un Poirot dévisageant ses proies dans un Agatha Christie.
La tension est ainsi palpable jusqu'au bout, sans surenchère grotesque. Si parfois cela s'étire, si parfois les effets sont appuyés (la musique notamment) le scénario reste en alerte du début à la fin. Après s'être régalé, le spectateur attendra avec plaisir les deux suites.
La fin entrouvre la porte vers de nouvelles aventures, mais l'intelligence des producteurs est bien d'avoir fait de ce premier épisode un film qui se suffit par lui même, et qui contentera les fans comme les néophytes.
vincy
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