Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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8 Mile


USA / 2002

26.02.03
 



BIOGRAPHITY





"Sois réglo avec le Seigneur !
- Oh mec, on est samedi, je suis réglo le dimanche…
"

Il y a forcément un aspect très narcissique dans la démarche de transposer la vie d'un artiste à l'écran de son vivant, d'autant plus lorsqu'il s'agit d'un chanteur déjà largement représenté dans ses propres clips, sous le meilleur profil, en tout cas sous celui qu'il souhaite adopter pour soigner son image. Certes, la production, qui a pourtant déclaré à l'origine avoir acheté la biographie du rappeur, spécifie désormais qu'il faut limiter le caractère véridique du film, précisant même qu'Eminem ne fait qu'interpréter un rôle fictif dans un environnement qui lui est familier. Les similitudes sont pourtant nombreuses, on retrouve dans le personnage de Rabbit, le jeune homme en galère qu'évoque abondamment le MC surdoué dans ses divers titres, toujours très porté à s'épancher sur son passé. La ville bien évidemment, Detroit, les problèmes conjugaux, la mère aux mœurs troubles, qu'il fustige régulièrement dans ses propos et ses débuts de tchatcheur en lutte arbitrée… L'essentiel est bel et bien là, on cherchera cependant en vain le provocateur désormais célèbre qui a fait régulièrement pousser des cris d'effroi aux gardiens du temple du politiquement correct. Car à la vision de 8 Mile, c'est en véritable petit Mickey que se transforme le vilain petit canard. Protecteur des enfants, des femmes fragiles, des homosexuels (on oublie Moby), la version grand écran d'Eminem est des plus vertueuses. Tout juste se permettra t-il de dégainer son arme, au cours d'une folle virée nocturne, pour cribler une voiture de police… de balles de peinture. Amusant, mais diablement gentillet…
Curtis Hanson ne s'économise pas pourtant pour adjoindre à cette histoire un véritable caractère d'authenticité. Sa mise en scène est rigoureuse et sert un témoignage vibrant des Etats-Unis bien loin du cliché idéalisé qu'on se plait à nous servir régulièrement. Le rêve américain du self made man est présent mais teinté d'amertume et dissimulé puisque ne voyant pas son aboutissement servir la conclusion du récit. Un nouveau Rocky sans la ceinture en quelque sorte pour un résultat plutôt plaisant bien que balisé. Mais insidieusement, l'impression persiste aussi que l'entreprise sert largement de réhabilitation pour une star du micro au sommet de sa gloire et en quête de postérité. L'opération fut déjà expérimentée dans le passé. Prince avec son Purple Rain avait réussi avec une romance sur sa jeunesse tourmentée à Mineapolis à s'accorder les faveurs du grand public grâce au triomphe de son film. Lui le nain funky et vicelard, surdoué, c'est un fait, mais qui faisait fuir les âmes sensibles en se produisant sur scène à ses débuts en talons et bas résilles... Le cinéma jouerait donc pour les pointures de l'industrie du disque le rôle de tremplin marketing vers un adoubement populaire? Probablement… Eminem n'a jamais écoulé autant de CD que ces derniers mois et semble réconcilier enfin tout le monde, au risque d'y perdre quelques épines. Il restera toutefois prématuré de lui pronostiquer une véritable carrière cinématographique à la suite de son bout d'essai. S'il se montre convaincant dans son interprétation, son jeu reste limité dans son étendue et dans les risques encourus. Inversement la fraîche Brittany Murphy parvient avec une facilité déconcertante à bouffer l'écran dés qu'elle apparaît à ses côtés. Bref, il lui reste du chemin à parcourir.
On pourra donc laisser poindre une pointe de déception en savourant ce spectacle qui soigne le réalisme de sa reconstitution mais tend à édulcorer son propos, au service de la démocratisation d'une vedette qui a flirté un peu plus avec les lisières du raisonnable quand il faisait le clown déguisé en Ben Laden pour promouvoir son dernier album…
 
petsss

 
 
 
 

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