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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Jusqu'en enfer (Drag me to hell)
USA / 2009
27.05.2009
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EVIL IS NOT DEAD
"Bientôt, c’est vous qui viendrez me supplier !"
Sam Raimi a fait du chemin depuis le premier Evil dead salué à Cannes en 1982 ! Lui qui a touché le jackpot avec les trois premiers volets de la franchise Spiderman se serait même un peu "embourgeoisé", aux dires de certains de ses fans déçus par la tournure qu’a prise sa carrière. Pourtant, avec Jusqu’en enfer, il revient aux fondamentaux : terreur et humour noir. Dès la séquence d’ouverture, il renoue avec un style visuel percutant et audacieux qui installe immédiatement un climat d’angoisse et d’effroi. Les personnages sont projetés en l’air comme des pantins, des ombres expressionnistes envahissent les murs, le sol s’ouvre dans un fracas pour envoyer sa proie innocente dans les flammes de l’enfer… Visiblement, le réalisateur n’a pas perdu la main !
La suite alterne scènes "normales" en lien avec des intrigues secondaires (Christine se fera-t-elle accepter par ses beaux-parents ? Obtiendra-t-elle une promotion ?) et séquences d’horreur qui montrent la jeune femme aux prises avec un terrible démon, le Lamia. La vraie question devient rapidement de savoir si elle parviendra à lever l’horrible malédiction qui la frappe. En guise de rebondissement, Sam Raimi sort tout l’attirail traditionnel du genre : sons inquiétants, apparitions terrifiantes, cauchemars plus vrais que nature, fausses pistes qui font retomber la tension juste avant un nouveau pic d’adrénaline, détails gore… sans oublier une façon de ne jamais se prendre au sérieux qui favorise le second degré.
Assez classiquement, les scènes sont filmées tantôt en vue subjective, afin de faire éprouver au spectateur les mêmes angoisses que l’héroïne, tantôt en retrait par rapport à l’action, comme si quelqu’un espionnait la jeune femme à son insu. La caméra n’hésite également pas à s’envoler au-dessus de la mêlée, ou carrément à se placer au milieu, pour ne rien perdre des séquences les plus spectaculaires : un combat d’anthologie dans une voiture, la prise de contrôle d’un individu par le démon, qui le fait danser comme une marionnette, un face-à-face délirant dans une tombe qui se remplit d’eau…
Sur le fond, il ne faut pas chercher trop loin. Certes, la "victime", issue d’un milieu aisé, est punie pour ne pas avoir aidé une vieille femme pauvre de la communauté gitane. Sa conduite lui est même dictée par son arrivisme professionnel et son désir égoïste d’arriver à ses fins. On peut donc voir dans la malédiction à la fois une manifestation ironique de sa mauvaise conscience et le symbole narquois de ce qui menace une société trop matérialiste. Mais là n’est pas forcément le propos de Sam Raimi, qui se contente d’un divertissement globalement assez formaté, sans prétention et moins abouti qu’on aurait pu l’attendre. Son final, ultra-prévisible, tourne même un peu court, provoquant chez le spectateur habitué aux films du genre un net sentiment de déception.
MpM
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