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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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La fenêtre (La ventana)
Argentine / 2008
03.06.2009
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HISTORIA MINIMA
"Trinquez, mais ne buvez pas !"
Avec La fenêtre, Carlos Sorin change délibérément de ton. Lui que l’on avait découvert grâce à un cinéma chaleureux, humaniste et toujours en mouvement (Historias minimas, Bonbon el pero) revient avec un film beaucoup plus (com)posé qui se déroule presqu’exclusivement dans le huis clos d’une ancienne hacienda. Avouant volontiers une filiation thématique avec Les fraises sauvages de Bergman, il met en scène un vieil homme qui, par le biais d’un lointain souvenir d’enfance, fait le point sur sa vie.
On retrouve toute sa subtilité et son attention pour les petites choses dans sa manière de filmer les micro-événements du quotidien (une abeille prisonnière d’une vitre, la progression du soleil, les sons parvenant du reste de la maison) en leur donnant une résonnance forte. Chacun est ainsi renvoyé à sa propre enfance et à ces moments suspendus dans une chambre silencieuse, quand on a l’impression d’être hors du temps, à l’écart d’une existence qui continue pourtant de couler. Tel est le héros de ce film simple et délicat dont la liberté, d’action comme de mouvement, est réduite à peu de choses. Son seul contrôle sur sa vie et celle des autres est fait de bribes immatérielles, d’autant plus précieuses : rayons du soleil filtrés par les volets, voix atténuées par les murs, minuscules décisions que son entourage consent à le laisser prendre… C’est pourquoi il n’a d’autres ressources que celles du souvenir et de l’imagination.
Chaque séquence, aussi épurée et quotidienne qu’elle soit, semble ainsi clore l’un des différents chapitres de cette existence qui s’achève : l’œuvre littéraire, le rapport au fils, la notion de liberté et de dépendance, l’enfance, les liens familiaux… Au rythme incessant du balancier de la pendule, Don Antonio se détache de tout, fait le point sur ce qu’il cessera bientôt d’être et se met en paix avec ses regrets. Un piano qu’on accorde, une bouteille qu’on débouche, une dernière promenade dans un potager… Nul besoin de grands éclats pour faire sentir tout le poids d’une vie qui s’achève, laissant derrière elle une trace ténue mais indélébile.
MpM
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