Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Coraline


USA / 2009

10.06.2009
 



DE L’AUTRE CÔTÉ DU MIROIR





« - Tu crois que ce monde est un rêve exaucé. Mais tu te trompes »

Une pincée de surréalisme, un brin de décalage, quelques gouttes d’humour (noir) et une cuillerée d’épouvante…Coraline rassemble tous ces ingrédients et ce qui en résulte est passionnant, intrigant voir effrayant. Née d’une histoire tout droit sortie de l’imagination et des souvenirs d’enfance de Neil Gaiman qui souhaitait écrire une histoire pour sa fille (pas sûr que celle-ci aidait Holly Gaiman a trouvé facilement le sommeil), c’est Henry Selick qui, amoureux de Coraline dès la première lecture, porte ce conte à l’écran.

On s’attache très rapidement à cette petite fille qui ne sait pas comment occuper ses journées, quelque peu délaissée par ses parents dans un milieu presque hostile aux couleurs froides, quasi-glaciales, et où le paysage, toujours entouré de brume, semble lui-même triste. Peu à peu, les explorations de cette jeune intrépide l’emmènent dans un monde parallèle, cet autre monde où tout est identique en étant à la fois très différent. Ses parents sont ici adorables, drôles et affreusement disponibles. Les voisins sont merveilleux d’imagination, le chat parle, les couleurs sont éclatantes et les sucreries délicieuses. Mais un détail la chagrine pourtant : chacun a des boutons noirs en guise d’yeux et le rêve tourne alors rapidement au cauchemar.
Ce nouvel univers, aux couleurs pourtant chatoyantes, libère les nombreux fantômes de l’enfance, plus noirs les uns que les autres. Dans ce conte, Neil Gaiman rend hommage à une autre petite fille, blonde cette fois, dont le papa n’est autre que Lewis Carroll. La petite Coraline flanquée d’un chat noir parlant dans l’autre monde rappelle bien évidemment la jeune Alice et le lapin blanc qui lui sert de guide dans cet univers où les angoisses d’une autre réalité font surface et qu’elle doit affronter.

Perdue dans son ennui, Coraline se perd dans sa curiosité et souhaite voir ce qu’il y a derrière…derrière cette petite porte condamnée où tout un nouvel univers s’offre à elle. Un univers dans lequel elle est aimée, choyée, adorée et où tout lui semble tellement plus attractif, plus beau, plus appétissant que dans son monde à elle. Mais tout rêve semble avoir un prix à payer. Pour vivre son rêve éveillé à jamais elle doit abandonner ses yeux pour…des boutons noirs, signe d’aveuglement et de renoncement. Le renoncement à ce qu’elle était, à son autre monde, le vrai, et à ceux qu’elle aimait là-bas. Mais le rêve se transforme vite en véritable cauchemar et cette Autre Mère, gentille et belle qui lui plaisait tant au départ, troque son apparence exquise contre le costume d’une sorcière étouffante dont l’amour dévorant, au sens propre comme au figuré, ne laisse à Coraline aucune alternative. Le monde merveilleux devient un univers angoissant où le jeu de piste inquiétant auquel elle se soumet reste sa seule issue.
On se réjouira par ailleurs des scènes des voisins extravagants de Coraline qui gagnent en couleurs dans l’autre monde, devenant paradoxalement plus inquiétants, apportant une touche d’humour et de fantastique. Car, plus que fantastique, Coraline est en réalité un film effrayant, une épouvante pour enfants dont les adultes, eux aussi, ne sortiront pas indemnes. Mais le propre du conte n’est-il pas de mettre chacun face à ses peurs ? Un conte qui n’effraie pas n’est pas un véritable conte…

Pour donner vie à ce récit où poésie, lyrisme et nostalgie s’entremêlent, Henry Selick a pris le parti de mélanger l’ancien (réalisation en « stop-motion », décors et personnages peints à la main) et le moderne (3-D stéréoscopique). Le résultat est plus que convaincant. Quinze ans après L’Étrange Noël de Monsieur Jack, Henry Selick revient donc sur les écrans avec une histoire angoissante prenant place dans un univers décalé où le rêve laisse place au cauchemar et où les angoisses enfantines ne sont aucunement bridées. Les contes ne sont pas toujours aussi merveilleux que l’on croit mais c’est leur noirceur qui fait toute leur force…
 
morgane

 
 
 
 

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