Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Le hérisson


France / 2009

03.07.2009
 



LE CHATIMENT DU VOL DE LA ROBE





« Passer sa vie comme un poisson dans un bocal et la finir dans une housse en plastique. »

Drôle de hérisson. Comme il y a des drôles de drames. Voilà un film tendre, mais pas piquant. Morbide mais fantaisiste. Un univers singulier qui repose sur trois personnages : deux veufs et une gamine surdouée. Le film est d’autant plus attachant qu’il est difficile de ne pas aimer chacun des personnages, névrosés et sympathiques, dotés de petits défauts vite pardonnés.

Ce simplisme est aussi la faille – béante – dans lequel s’engouffre ce film qui n’ose pas les excès, qu’ils soient sentimentalistes ou tragiques. Nous restons à la surface des choses, des émotions et il faut tout le talent des comédiens pour insuffler des nuances dans une image très distante et une histoire un peu lisse. Tout est répété plusieurs fois, comme si l’on était en panne d’explication pour justifier les actes des uns et des autres. On a très vite compris qu’il ne fallait pas « finir comme un poisson dans un bocal. »
Mona Achache n’a pourtant pas démérité dans sa tentative d’adapter un best-seller très littéraire. Pour un premier film, on ne peut pas dire que cela manque de charme. Cette caméra vidéo qu’elle met entre les mains de Paloma permet un procédé visuel – entre observation et pensées intérieures – que l’écriture d’un journal (comme dans le roman de Muriel Barbery) aurait alourdit. Les petites touches allégoriques s’inscrivent naturellement dans un cadre pourtant très bourgeois. « Ne pas laisser sortir le chat. Ne pas laisser entrer la concierge.» C’est d’ailleurs ce regard critique, parfois incisif, sur ces nantis, qui sauvent la première moitié d’un film qui tarde à décoller.

Il faut la vraie rencontre entre Renée, la concierge, et Monsieur Ozu, le riche japonais, pour que nous nous emballions un peu. Balasko est ainsi parfaite en « forteresse délicate et élégante ». L’œuvre fait ainsi l’éloge de l’audace et de l’autre, même si elle ne parvient pas à avoir la première ou à transcender le deuxième. Bien plus crédible dans son hommage à un temps révolu (la littérature, les vieux films en noir et blanc, l’esprit), Le hérisson peut aussi s’avérer amusant avec, notamment, la séquence culte et courte des toilettes à la japonaise. « Quand on s’assoit, la musique se déclenche. »
D’autres aspects, plus proches de la comédie américaine décalée, font l’intérêt. La relation entre le père, Ministre, et sa fille, est assez délectable. De même, cette façon qu’elle a de simuler sa mort de multiples manières rappelle Harold et Maud. Mais, le film préfère se focaliser sur le personnage contrasté qu’incarne Balasko. Vilaine, vieille, veuve mais bien planquée dans sa fonction, bien cachée, … Du coup, cette fin plus brutale que subtile, plus proche du jeu d’échecs que du jeu de go, laissera le goût amer recherché, avec un bel espoir amoureux sacrifié sur l’autel de la bêtise de cette gamine trop lucide et trop seule.

Mais ce conte, trop cérébral, s’évaporera vite. Il y manque la substance nécessaire à toute tragédie : de la chair et des épines.
 
vincy

 
 
 
 

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