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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Bancs publics (Versailles rive droite)
France / 2009
08.07.2009
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L’HOMME SEUL (ME VOIT)
"Après 50 ans, si on se réveille et qu’on a mal nulle part, c’est qu’on est mort."
Il n’y a pas forcément besoin d’aller loin pour partir en voyage. En trois coups d’escalators et de RER, Bruno Podalydès nous entraîne ainsi une nouvelle fois à Versailles où l’on se retrouve comme hors du temps. Pris dans une ronde bigarrée et loufoque reflétant à la fois les petits travers de notre société et les moments de grâce qui surgissent au détour de tout quotidien, on est sur une autre planète, à la fois familière et déformée. Le reste est comme dans la vie : il y a les rencontres qui plaisent, celles qui séduisent, celles que l’on oublie tout de suite ou encore celles dont on se serait bien passé. Cette faiblesse est inhérente au genre : difficile de faire défiler plus de quatre-vingt personnages (la plupart du temps interprétés par des comédiens célèbres) en moins de deux heures sans que cela donne la sensation d’une juxtaposition un peu artificielle de saynètes inégales parfois à la limite du clin d’œil.
Certains s’en sortent ainsi mieux que d’autres, au gré de ce que le hasard leur a réservé comme rôle. Parmi ceux qui portent le film, il y a l’"héroïne", la rêveuse Lucie qui fait le lien entre les trois grandes parties du film (le bureau, le square, le magasin de bricolage) avec beaucoup de charme et de douceur. Autour d’elle, on remarque les employés du magasin "Brico-dream", collectivement hilarants (Olivier Gourmet rigide et pointilleux, Denis Podalydès paumé et mal l’aise, Bruno Podalydès chef spécialiste de "street marketing", Samir Guesmi, boute en train azimuté, Patrick Ligardes, maladroit et impassible et Laure Calamy, cruche attachante), deux joueurs de backgammon qui philosophent avec pudeur sur l’approche de la mort (Claude Rich et Michel Aumont), un père de famille bricoleur peu à l’aise avec les perceuses (Philippe Uchan), un retraité en quête d’un paillasson (Michael Lonsdale se la joue Raymond Devos) et bien d’autres encore, qui parviennent à faire franchement oublier les passages moins réussis (notamment celui du square, où peu d’interactions fonctionnent à plein régime).
Le réalisateur s’en est visiblement donné à cœur joie dans l’observation minutieuse de ses contemporains, ajoutant ça et là une touche poétique et burlesque qui sauve ses personnages du ridicule comme du trivial. En arrière-plan, ça fourmille d’idées et de gags : piles et cartouches démesurées de la "gropresso", monstrueuse machine à expresso, glavioles qui ne manquent pas de vous faire des croche-pieds, tunnelier domestique qui part voir ailleurs si l’herbe est plus verte… Les objets s’en donnent à cœur joie pour contrecarrer les désirs humains et faire jaillir, au milieu d’une routine morne et fade, un trop rare instant de grâce… comme en remède au mal de vivre des extra-modernes solitaires. En même temps qu’une comédie humaine juste et attachante, Bruno Podalydès propose un plan d’action : combattre l’individualisme et la solitude, maux du 21e siècle, par la maladresse, l’ironie du sort et les petits dérapages du quotidien qui prouvent que non, l’être humain n’est pas (encore) devenu une machine comme les autres.
MpM
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