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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Simon Konianski
Belgique / 2009
29.07.2009
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DEVOIR DE DEBOIRES
"C’est hallucinant : même mort il va me faire chier ! "
Comédie foutraque qui traite du nazisme, de la mort et du conflit israélo-palestinien sur un mode ironique, le film de Micha Wald risque de ne pas plaire à tout le monde… Et pourtant, le cinéaste belge ne fait que pousser le comique de situation dans ses derniers retranchements en prenant pour cible un milieu qu’il connaît bien, celui d’une famille de juifs ukrainiens ayant survécu aux camps d’extermination. Bien sûr, il tend un miroir grossissant à ses personnages, qui deviennent alors de véritables caricatures principalement destinées à précipiter le héros du film, le malheureux Simon, dans une suite de mésaventures plus cocasses les unes que les autres. Celui-ci, flanqué d’une parenté particulièrement gratinée, subit en particulier une irrésistible overdose de devoir de mémoire. Il fallait oser, mais ça sonne terriblement juste : transmettre son histoire familiale, c’est bien, mais raconter en boucle les détails terribles de la Shoah à son petit fils de six ans, ça devient décalé, donc amusant, mais aussi complètement insupportable ! Même chose avec la manie de traiter tout et tout le monde de nazi…
Cela n’empêche pas le scénario de rechercher également l’émotion (notamment dans sa réflexion sur la transmission), mais aussi parfois de basculer dans un registre plus outré, moins réussi. Simon lui-même, atterré par l’une des sorties dont son père a le secret, lui lance d’ailleurs un : "T’es pire que la pire des pires caricatures" qui reflète à peu de choses près la pensée du spectateur. Et cela ne s’arrange pas vraiment une fois que le voyage commence. Les enchaînements deviennent plus approximatifs, les rebondissements un peu faciles, et certaines scènes donnent carrément l’impression d’une juxtaposition de sketches sans lien les uns avec les autres.
Heureusement, Jonathan Zaccaï est savoureux en trentenaire dépressif et paumé tandis que Popeck est tout simplement irrésistible dans le rôle du survivant des camps, à la fois fantasque et dévasté. Les "oncle et tante" (Abraham Leber et Irène Herz) ne sont pas en reste, et tous parviennent à créer, au milieu des rires, plusieurs moments de grande intensité émotionnelle dont la séquence filmée dans le camp d’extermination de Majdanek, mi-onirique, mi-glaçante, est sans aucun doute le climax. Et pourtant, même dans un tel endroit, Micha Wald ne peut pas s’empêcher de glisser un clin d’œil, histoire de replacer les choses en perspective. "On ne court pas dans les camps" dit un Simon tétanisé à son jeune fils qui, lui, est parfaitement à l’aise dans ce lieu dont il a si souvent entendu parler. Et si, après tout, c’était ça, la bonne distance à prendre avec les traumatismes du passé : une connaissance désacralisée, respectueuse mais pas timorée ?!
MpM
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