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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Julie & Julia
USA / 2009
16.09.2009
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DEVINE QUI VIENT DÎNER...
«- On dit Knopf ou Nopf ?»
Nora Ephron s’en tire plutôt bien avec son scénario dichotomique. Avec deux films en un, l’ensemble est finalement assez harmonieux. Même si tout manque de profondeur, de résonnance, cette double comédie romantique parvient à ses fins en diffusant ce sentiment de « feel good movie ».
Le film avec Meryl Streep paraît assez anecdotique par rapport à l’autre. Si elle est plaisante, il s’agit surtout d’une reconstitution historique un peu morcelée et sans réelle intrigue, hormis la longue conception d’un bouquin de cuisine monumental. Ce Paris des années 50, avec un esprit de carte postale « pastellisée » combiné à une Meryl Streepp presque fantasque contribuent fortement à l’intérêt que l’on peut porter à ces flash-backs.
La partie avec Amy Adams, contemporaine et new yorkaise, est plus maîtrisée, et plus balisée. Une impression de déjà-vu qui affadit les rebondissements. Amy Adams permet de compenser les quelques creux du script, qui a du mal à gérer le contexte et le traumatisme du 11 septembre avec une réalité plus doucereuse.
Evidemment ce qui relie les deux époques, ce que veut démontrer Ephron, c’est le combat pour l’émancipation féminine. Le lien est bancal et le propos un peu confus. Si l’évolution de la condition féminine est indéniable, la cinéaste fait davantage mouche quand elle est cruelle avec les femmes. Comme ce déjeuner de copines qui est l’exact opposé d’un meeting de Sex & the City. Hélas, l’abus de sirop à certains moments nuit à l’ensemble, léger et divertissant. Car la farce ne va jamais plus loin qu’un homard qui fait sauter le couvercle ou un canard à désosser. Désolant de remarquer que la séquence la plus drôle date de décembre 1978, quand Dan Aykroyd imite Julia Child dans un épisode du Saturday Night Live.
Cependant, la comédie plus dramatique que drôlatique, anti-républicaine jusqu’au bout des répliques, veut prouver que la persévérance et les rêves rendent la vie plus belle. Sans le brio de The Hours où un livre de Virginia Woolf influait sur une lectrice, trente ans plus tard, Julie & Julia est une jolie parabole sur l’impact d’un livre sur sa vie quotidienne. C’est aussi une belle métaphore sur le goût de la vie à travers les saveurs culinaires.
Ephron, avec moins de talent que dans Quand Harry rencontre Sally, Nuits blanches à Seattle ou Vous avez un message, continue d’explorer les relations à distance. Ici la géographie fait place au temps. Et surtout il n’y a aucun croisement, pas de rencontre inopinée entre deux femmes qui n’ont rien à voir hormis leur passion pour la cuisine française. C’est là que le film se révèle le plus intéressant. Même s’il l’exploite mal, Julie & Julia est l’histoire d’une rencontre impossible, d’un échange invisible. Loin des trames classiques qui provoquent de manière parfois incohérente ou invraisemblable une prise de contact.
Dommage que la cuisine au beurre ait ce petit « trop » de matière grasse : mieux dosée, elle aurait été plus délectable.
vincy
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