|
Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
|
|
|
|
|
Le dernier pour la route
France / 2009
23.09.2009
|
|
|
|
|
|
VICE VERSÉ
«- Il est de la police ?
- Pire, il est journaliste »
Voici un premier film sans emphase, mais non sans intérêt. Un film d’auteur typique, sans signature réellement affirmée, avec un sujet fort, des acteurs séduisants.
Un petit verre de blanc à l’aube au réveil, et ça repart ? L’alcoolisme est palpable en quelques plans. Les verres s’enchaînent entre le moment où Hervé sort du lit dans son appartement parisien et celui où il arrive à destination, dans un lieu en retrait, perdu dans les montagnes. Le huis-clos s’anime avec un groupe d’alcooliques pas anonymes, même si leur détresse, leurs angoisses sont passées un peu superficiellement. Le scénario se concentre essentiellement sur Hervé, son copain de chambre et une idylle potentielle. Le reste du groupe est un peu baclé, jouant trop collectif. Et les autres résidents sont évincés d’une phrase : « Tu vois ces gens ? Ils sont en psychiatrie. Alors quand t’as pas le moral, tu les regardes et tu te rends comptes que tu ne vas pas si mal. »
Mais pour lier tout ça, il y a un chaînon très fort : François Cluzet. L’homme à part, observateur, distant, se sentant singulier, s’intéressant au global et pas au local. Malgré ce rôle d’alcoolique, il consomme les expressions avec modération. Le jeu est d’une frappante et subtile sobriété. Il y a bien sûr ces flash-backs qui lui rappellent d’humiliantes situations auto-destructives où le vin devient un poison. Là Cluzet y insuffle un peu plus d’excès, un regard fou, une bouche difforme. Un monstre en perdition. Lorsqu’on remonte aux racines du mal –éloge de la psychanalyse – le film nous envoie en Afrique avec un habile montage sur les injustices de cette chienne de vie.
Cluzet est en fait le vecteur émotif, le lien humain entre des individus qui partagent un vide existentiel, un mal être, une crise de foi, en plus d’un péril pour leur foie. Dégâts collatéraux où l’interdépendance des êtres s’avère bien faible par rapport à la dépendance de l’alcool. Un formidable liant pour nourrir les drames, le travail, l’ennui. Cette maladie dont on crève (« Je buvais pas pour être bien, je buvais pour plus être mal ») aurait pu donner un film plus âpre, plus violent. On les sent tous anesthésier par ce climat apaisant. La mise en scène sans anicroches a au moins le mérite de garder le rythme et d’offrir quelques jolies séquences. Le producteur Philippe Godeau, dont c’est la première réalisation, pourrait devenir accro…
vincy
|
|
|