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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Sin nombre
USA / 2009
21.10.2009
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LA VIDA LOCA
"Pour mériter ton tatouage, il faut d’abord que tu butes un mec."
Pour son premier film, Cary Joji Fukunaga a choisi d’aborder l’immigration latino-américaine sous un angle original, en montrant le parcours du combattant que représente non pas le passage aux Etats-Unis, mais le voyage qui le précède, et surtout la traversée du Mexique. On voit ainsi les candidats à l’american way of life voyager sur le toit des trains au péril de leur vie, rackettés par les gangs, traqués par la police des frontières, parfois même menacés par leurs propres compagnons de route.
En parallèle, le film suit le destin guère plus enviable de Casper, un jeune homme tiraillé entre le gang auquel il appartient (la "Mara Salvatrucha", une organisation criminelle ultra-violente) et la jeune fille qu’il aime en secret. C’est l’occasion pour le spectateur d’avoir un aperçu du mode de vie des ces gangs : rituels initiatiques à base de coups de pied dans le ventre, soumission absolue au chef qui a droit de vie et de mort sur ses hommes, violence érigée en mode de reconnaissance et de communication...
Indépendamment l’une de l’autre, les deux histoires sont des témoignages passionnants et documentés. C’est lorsqu’elles commencent à se rejoindre qu’elles perdent en substance et en intérêt. Totalement artificielle, la rencontre entre Sayra la migrante et Casper le fugitif ramène l’intrigue sur les rails d’un récit extrêmement calibré, voire banal. Formellement, le mélange de sécheresse dramatique et d’éclats lyriques qui jusque-là était la règle laisse la place à des effets faciles cherchant à tirer les larmes au spectateur. L’intrigue devient presque manichéenne, bourrée de bons sentiments qui renvoient au second plan la réalité brute des faits, probablement pas assez glamour. En choisissant de privilégier la fiction spectaculaire au détriment de l’approche documentaire, Cary Joji Fukunaga passe à côté du film choc qu’il laissait présager.
MpM
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