Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Clones (Surrogates)


USA / 2009

28.10.2009
 



Y A-T-IL UN CERVEAU DANS LE CLONE?<





«- Vous n’allez pas tuer des millions d’individus. »

Librement adapté du roman graphique de Robert Verditti et Brett Weldele – surtout dans sa conclusion « heureuse » –, le dernier long métrage du solide Jonathan Mostow (U-571, Terminator 3) nous plonge dans une société qui, à défaut d’être super originale dans son développement scénaristique, avait de quoi nous proposer une alternative futuriste visuellement crédible. Reliés à des doubles robotiques appelés clones, les êtres humains restent cloîtrés chez eux et vivent par procuration. Fini le stress du dehors et sa violence meurtrière, le clonage cérébral est là pour offrir un monde d’apparence où l’angoisse de la vieillesse n’a plus cours.
Si la société fonctionne exclusivement par l’intermédiaire de ces excroissances technologiques à la perfection fade, elle se structure autour d’un mode de vie ultra uniformisé au point de créer une forme d’eugénisme informatique mondialisé.
Frileux, Mostow ne se risque à aucune réflexion philosophique sur les conséquences futures d’une telle dérive technologique et se contente, au final, d’imbriquer maladroitement son univers postmoderne à une enquête policière faisant office de toile de fond romanesque. L’idée, un brin légitime, consiste à nous vendre un thriller d’anticipation lorgnant sans vergogne du côté de I Robot ou, pour faire plus classe, Minority Report.

En l’état, il n’est plus question d’éviter le produit calibré avec sa clique de stars comme point d’appui marketing. Le film est plutôt bien réalisé – malgré quelques essoufflements de rythme ce qui, pour un film d’1h25, est impardonnable –, mais l’interaction entre l’univers proposé, l’enquête policière, les différents protagonistes au premier desquels le personnage principal interprété par un Bruce Willis en mode mineur et les enjeux finaux, demeure grossière. En effet, ceux-ci ne sont pas au niveau du postulat de base, postulat d’ailleurs bien faible dans sa cohérence sociologique. Car qui dit utilisation de clones ne dit pas forcément renoncement aux désirs, aux envies, aux pulsions, à la violence et, par la force des choses, au meurtre. L’élément déclencheur, exogène et motivé par une vengeance égoïste, vient perturber l’ordre établit afin de faire sombrer cette parodie d’équilibre social.
Les raisons d’un tel revirement éthique sont noyées dans une enquête policière virant très vite au cheminement psychologique d’un homme (l'agent Greer interprété par Bruce Willis) lui-même confronté à son désir d’émancipation. Hélas, la mise en scène est incapable de retranscrire visuellement les conséquences d’une société assujettie, apathique et morne. On regrettera d’autant plus le piètre traitement de ces quelques humains refusant l’avilissement technologique « parqués » dans des ghettos misérables. Ils ne servent pour ainsi dire à rien, ou bien de prétexte scénaristique à l’inéluctable bouleversement en marche.

La force du film devient alors sa principale faiblesse, le réalisateur n’arrivant jamais à développer les dangers réels d’un assujettissement programmé à même de détruire l’âme humaine. Le long-métrage accumule les poncifs des œuvres de SF sans en approfondir la moindre portée symbolique : révélation attendue du personnage principal, caricature des humains rebelles dont le guide spirituel est bien trop démonstratif, prédominance d’action brouillant le message originel, twist final décevant car étriqué, élément déclencheur limite fallacieux, manichéisme benêt annihilant le postulat de départ … Là où Minority Report arrivait à nous prendre aux tripes avec son histoire de télépathes rondement mené, Mostow réanime sans conviction le fantôme d’Huxley en lui saupoudrant un peu du mythe de Frankenstein. Au final, il livre un énième film d’action sans saveur, peu énigmatique et surtout beaucoup trop terre à terre.
 
geoffroy

 
 
 
 

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