Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Le jour où Dieu est parti en voyage


Belgique / 2009

28.10.2009
 



LE CHAGRIN ET L’ABSENCE DE PITIE





"Ce monde est inhabitable, c’est pourquoi il faut fuir dans l’autre. Mais la porte est fermée." (Simone Weil, 1942).

Le jour où Dieu est parti en voyage ne tente pas d’expliquer, ni même de raconter le génocide rwandais. C’est à peine s’il ose en esquisser le contexte, réduit à un déferlement de violence aveugle et incompréhensible qui se déroule hors champ. Exactement comme les Tutsis ont dû le ressentir au début : une chose inimaginable, dépassant l’entendement, à laquelle il fallait avant tout échapper.

Les scènes où Jacqueline se cache sont ainsi exemplaires. Dans sa cachette, le son des exactions lui parviennent. Bien malgré elle, elle suit la progression des événements. D’abord les cris, puis les coups de feu, et enfin ce silence qui n’en est que plus glaçant. Immobile dans une semi obscurité, elle n’est plus qu’un visage, regard éperdu, masque d’effroi et d’horreur. Déjà à mi-parcours sur le chemin de la folie.

La seconde partie du film montre justement ce qui se passe après le basculement, lorsque Jacqueline, devenue une proie sans défense, renoue avec une sorte d’instinct ancestral la poussant à survivre coûte que coûte. Traquée, à bouts de force, elle s’enfonce dans un profond mutisme qui peut à la fois signifier sa désagrégation, son désir de se retirer hors du monde, ou tout simplement l’impossibilité de mettre des mots sur une douleur forcément indescriptible. C’est à la fois extrêmement fort et un peu déconcertant, car dès lors la jeune femme semble ne plus obéir à aucune logique connue. Si elle a survécu, presque malgré elle, elle n’est pourtant déjà plus parmi les vivants. L’idée même d’espoir ou d’avenir lui est insupportable.

Au contraire, l’homme qu’elle rencontre a encore en lui cette part d’humanité qui le pousse à aller vers la vie, à s’arranger de la situation, à vouloir se battre. Il tente de la sauver non pas tant des bourreaux que d’elle-même. Ces deux personnages sont comme les deux facettes d’une même pièce, deux principes qui s’opposent et se complètent après chaque drame insurmontable tel que celui du Rwanda : survivre ou disparaître, croire encore en l’humanité ou y renoncer définitivement. En recentrant son film autour d’eux, évacuant les causes, les faits, la violence… le réalisateur ne se contente pas d’un témoignage en lui-même édifiant mais redonne une voix à tous ceux qui se sont tus.
 
MpM

 
 
 
 

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