Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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2012


USA / 2009

11.11.2009
 



AVENIR BOUCHE A L’EMMERICH





«- Ce genre de trucs ne peut que germer à Hollywood. »

Roland Emmerich ? Il faudra un jour s’interroger sur cet apôtre de la destruction du monde. Extra-terrestre, climat, prophétie… Tous les prétextes sont bons pour casser les plus beaux monuments, génocider l’humanité (ou presque), s’amuser à malaxer les mégapoles dans une centrifugeuse à effets spéciaux.

Parabole de l’Arche de Noé, ce film apocalyptique joue avec toutes nos croyances : complot, millénarisme, hasard… Emmerich construit un monde taillé sur emsure pour les multiplexes. Vision cosmopolite et de carte postale de la planète, dont on fait le tour en quatre vingts plans zappés.

Hélas un script hollywoodien a besoin de simplifier. Pour cela, un récit éclaté et réaliste fait place à un scénario plus linéaire et héroïque. Le personnage central, John Cusack, est à la fois ordinaire, naïf et optimiste. L’Américain moyen idéal.
D’ailleurs Emmerich ne renouvelle pas beaucoup ses protagonistes. Cusack, aux airs de Dreyfus dans Rencontres du IIIe type, rappelle Quaid, le Président Américain est toujours aussi valeureux, le savant a bon cœur…

Mais ne soyons pas trop rabat-joie. Le blockbuster fonctionne plutôt bien malgré un bon quart d’heure de trop. De tous les films du réalisateur, s’il n’a pas la dérision d’Independance Day, il a au moins le sens du spectaculaire, mâitrisant les codes du genre sans avoir l’ambition de faire mieux.

Peut-être qu’il s’agit même là de son film le plus décalé. Parfois drôle, parfois parodique (la prestation cathodique dun gouverneur aux accents germaniques), 2012 est une quintessance des missions impossibles où le spectateur doit subir une explication de deux minutes où l’on doit nous faire croire à l’incroyable avec des arguments supposés scientifiques. Les clins d’œil sont grossiers (le petit avion s’appelle le Western Spirit, révérence patriotique à une Amérique conquérante), les dialogues proches du slogan (« Un jeune scientifique vaudra 20 vieux politiciens »), les clichés approximatifs (« Ouah ça c’est un gros avion » en désignant un Antonov 500, «C’est russe »).

Film sur le chaos, de la famille décomposée et perturber aux villes dévastées et englouties, 2012 doit remettre en harmonie tout cela, et notamment réconcilier la famille, quitte à supprimer quelques parasites par des miracles du destin.

Ne nous moquons pas. Passé grand mâitre ès effets spéciaux, nous avons le droit à toute la panoplie actuelle, jusqu'à faire un remake de Titanic.

Evidemment, Emmerich passe à côté de son sujet. Il se soucie peu de réalisme géopolitique. Trois vaisseaux de survivants dirigées par trois blocs : les Etats-Unis, seuls, l’Asie (Russie, Japon, Chine) et l’Europe (l’Allemagne qui parle au nom de la France, l’Italie, le Royaume Uni et l’Espagne). L’Europe sans la Pologne ou la Turquie, le monde sans l’Afrique, l’Inde ou le Brésil… C’est à ce genre de détail qu’on comprend la dimension d’une propagande et d’une inculture. Preuve formelle quand le pôle sud es dévié au cœur du Wisconsin : l’Américano-centrisme n’a plus de limites. Le dernier quart du film s’abstient même de visiter les deux vaisseaux. Seul l’Américain sert de cadre au scénario.

Mais, plus embêtant, 2012 a de la difficulté à concilier lors de sa très longue séquence finale, le propos humaniste et le diktat du spectacle. La « philosophie » devient pontifiante et finalement les enjeux du « héros » désacralisent la décision cruciale de sauver des milliers de vie au risque d’en sacrifier davantage. Le siège à un milliard d’euros se confronte au « pragmatisme » de sauver un Homme sur quinze mille. La loterie du destin privilégie les riches. « génétique du chéquier », ou inégalité sociale. On fait peu de cas du reste de l’Humanité. Si bien que le discours sur la part humaine qui est en nous, la dignité, pour rescaper des grosses fortunes laissées à la porte de la navette, devient stérile. On aurait aimer qu’Ememrich est, tout au long de son film, un peu plus de considération pour tous ces êtres qu’il envoyait dans le néant, et un peu moins pour ses jouets.

Mais même le bulldozer ne peut lutter contre une Montagne comme l’Everest. La nature reprend ses droits. 2012 est alors à ranger entre l’inconnu de Roswell et la mort de Marilyn.
 
vincy

 
 
 
 

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