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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Loup
France / 2009
09.12.2009
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CHASSE, PECHE ET TRADITIONS
« - Et je te prendrai une vingtaine de mâles pour changer le sang.»
J’avais déjà écrit ici que son précédent film était « un objet rare, et précieux » à la beauté extatique. Nicolas Vanier n’a rien perdu de son sens esthétique. Plutôt qu’un simple objet social, comme Le dernier Trappeur, il a préféré évoquer la tradition comme culture fondamentale.
Loup n’est pas une simple histoire de loups. C’est le récit d’un peuple, une vision d’un monde harmonieux, menacé. C’est le destin d’un jeune homme qui va chercher à comprendre plutôt qu’à obéir, se forgeant au passage son identité, son caractère.
En filmant des gens qui « n’ont rien, au sens de posséder » mais qui « ont tout, c’est-à-dire un mode de vie », Vanier construit une œuvre quasi ethnologique. Pourtant Loup est avant tout une fable pour petits et grands. Cette œuvre, qui n'est pas un documentaire (peu d'acteurs sont de vrais Evènes), s'avère humaniste et naturaliste, d'où résulte un très beau divertissement familial.
On s’identifiera vite à ce jeune homme qui « danse avec les loups » et murmure à leurs oreilles. Orgueils et rivalités d’ados, liaison orageuse amoureuse, l’universalité des sentiments et des ressentiments permet de ne pas être dépayser. Le jeune couple semble d’ailleurs moderne. La femme alliée à son homme affronte les épreuves soudées. Mieux vaut mentir qu’être exclu du clan. Car notre héros a un défaut. Pire qu’être homosexuel dans une famille vénérant Benoît XVI. Il s’attache à une famille de loups, ennemis héréditaires de ces éleveurs de Rennes.
L’apprentissage (des loups comme de l’amour) sera le fil conducteur de la première partie de ce film initiatique. La seconde s’efforce de réconcilier le père et le fils.
Car Loup est un hymne à la tolérance (ou disons l’acceptation de la différence). La richesse du clan est liée à la diversité des individus. Parabole que Vanier filme avec subtilité, où la solidarité est une valeur plus importante que l’individualisme. Il nous permet de nous attacher aussi bien au père, pas forcément aimable, au fils, qu’aux loups. Un trio sous tension, qui ne peut-être que sources de conflits. Qui tirera le premier coup de feu ?
Car le film mérite aussi le détour pour ce qu’il raconte : une ode à l’altérité, où le mélange est essentiel. A travers un récit simple, doté de nombreux rebondissements et de mésaventures, l’épopée piège son héros dans le dilemme terrible où il devra choisir entre ses loups et son clan, impuissant à changer les choses. Mais peut-on « changer la nature » ?
Apparemment Vanier émet surtout l’idée que l’Homme peut « évoluer ». Sans doute grâce aux femmes, toutes fortes et superbes, qui sont les voix/voies de la raison. L’autre par excellence pour l’homme. Toujours cet équilibre entre le noir et le blanc, le loup et le renne, la nature et l’homme, le mâle et la femelle…
Nous resterons longtemps sous l’ensorcellement de ces somptueux paysages, magnifiés et atemporels. Vastes étendues désolées où la Nature règne, impériale, à travers ses montagnes pour horizon et ses rivières pour repères. La musique et le montage renforcent cette qualité technique du film. La séquence du sauvetage, suivie d’une scène très émouvante et très sobre qui rend hommage à la réciprocité, ajoute une dimension dramatique. Ces élements le sortent immédiatement du genre documentaire par cette volonté très nette d’embellir la réalité. Pourtant il y a parfois des images à la Yann Arthus-Bertrand. Mais ici seule le troupeau et le cadre sont survolés. Tout le reste à hauteur d’Hommes.
vincy
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