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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Le Vilain
France / 2009
25.11.2009
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UN SACRE GARNEMENT
"S’il suffisait de me tuer pour que je meure !"
Albert Dupontel reprend, trois ans après Enfermés dehors, la double casquette acteur / réalisateur qu’il affectionne tant pour signer un quatrième long-métrage cette fois plus proche de la fable burlesque que de la satire sociale décalée. Malgré ce transfert narratif somme toute assez logique avec le recul, le Vilain appartient entièrement à son auteur. Les fans peuvent donc dormir sur leurs deux oreilles, Dupontel fait du Dupontel en nous fabriquant un film riche, coloré, un brin déjanté, tourné à mille à l’heure, aussi décapant que drôle. Bref, la patte du cinéaste est intacte.
Le Vilain – à mettre dans la catégorie des comédies réussies ce qui, par les temps qui courent, devient synonyme de rareté –, n’oublie pas de construire une histoire, certes simpliste, mais capable de nourrir les enjeux comiques du réalisateur. Car l’arrivée d’un tel méchant garçon chez sa vieille mère un peu naïve sera l’occasion de dégommer les conventions du rapport mère/fils et, par la même occasion, de proposer un mano à mano caustique en tout point savoureux. Mieux, le cinéaste affine sa technique d’écriture au point d’extraire la quintessence du comique de situation via cet affrontement filial jouissif. Plus grand public mais pas moins personnel, le Vilain ne renie pas ses origines et s’affiche comme étant – peut-être ?, sans doute – le dernier film d’un cycle commencé treize ans plus tôt avec Bernie. Ici point de satire sur fond de critique sociale "trashisée" pour l’occasion, juste un exercice de style cadré, découpé et monté au millimètre, sorte de synthèse narrative des différents univers comiques chers au cinéaste-acteur.
Peu importe, alors, la trame immobilière développée par Albert Dupontel, celle-ci n’est qu’un arrière-plan type déjà vu à de maintes reprises au cinéma. Non, l’histoire se focalise essentiellement sur la vieille Maniette bien en peine avec son bandit de fils, dans un savant mélange d’humour grinçant un peu méchant et de poésie enfantine un peu sirupeuse. Leurs retrouvailles imprévues dynamitent le quotidien d’un paisible petit pavillon de banlieue à coups de règlements de compte. L’univers volontairement décalé et cartoonesque du film cultive un art du cocasse digne des meilleurs Tex Avery. Fichtrement bien rythmé, bourré d’idées scéniques (course-poursuite sur les toits, vol plané d’une tortue, tentative d’assassinat sur Maniette, attaque du promoteur immobilier par chat et chien…) et de seconds rôles percutants (mention spécial à Nicolas Marié en médecin généraliste sur le retour et Bouli Lanners en promoteur immobilier sans scrupules), le Vilain arpente le chemin délicat de l’exagération comique qui, quand elle est maîtrisée, propulse le genre vers l’excellence. Sur ce point, Albert Dupontel se lâche et use à loisir des artifices du genre afin de proposer une ambiance visuelle unique comprise entre Tex Avery et Frank Capra.
Un duo comique crédible et juste
Si rien n’est dû au hasard, le cinéaste prend néanmoins la peine de "découper" son film en longues séquences à même de former le nœud narratif de son histoire et non pas selon un canevas classique avec un début, un milieu et une fin. Bien sûr, nous nous retrouvons en face d’une trame assez linéaire avec son dénouement, mais le huis-clos instauré prend forme par l’intermédiaire de ces séquences au long court, véritables locomotives de l’intrigue. D’où cette sonorité si particulière, la dynamique des scènes se suffisant presque à elles-mêmes. Ajoutez à cela du mouvement en veux-tu en voilà et vous avez une mayonnaise épicée assaisonnant à merveille ce repas de famille. Outre une mise en scène crédible dans ses multiples rebondissements, le duo comique formé par Dupontel himself et Catherine Frot s’avère crédible de bout en bout. D’ailleurs les deux acteurs s’en donnent à cœur joie, rivalisant d’ingéniosité (pour le vilain) et de naïveté forcée (pour Maniette). Dans le rôle de la vieille maman, Catherine Frot nous épate par son talent, sa justesse de ton arrivant sans surprise à canaliser l’impétuosité d’un Dupontel très en verve. Le couple fonctionne dès les premières bobines, condition sine qua non de la crédibilité d’une telle relation.
Impossible de terminer cette chronique sans mentionner un personnage à part entière résumant à lui seul l’esprit du film : Pénélope la tortue. Véritable star, elle "traine" sa vieille carcasse de pièce en pièce dans le but d’assouvir son désir de vengeance sur le vilain. Elle amène un décalage rythmique, sert ainsi de transition entre les scènes et se pose comme un personnage super attachant façon Tex Avery ou encore proche du personnage Scratch dans l’Age de glace. En définitive, Pénélope résume admirablement bien l’esprit d’un film espiègle, inventif, décalé possédant un burlesque intemporel à même de faire rire petits et grands.
geoffroy
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