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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Accident (Yì Wài)
Chine / 2009
30.12.2009
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LE JEU DE LA MORT ET DU HASARD
"D’autres font le même boulot. La moindre erreur peut nous être fatale."
Le polar a beau être le genre de prédilection du cinéma hongkongais, on est encore régulièrement surpris par la capacité qu’ont ses réalisateurs d’en renouveler et réinventer les codes sans donner l’impression de se répéter.
Dernier exemple en date, Accident de Soi Cheang qui, quoiqu’il se déroule en terrain connu (la ville de Hong Kong, sa pluie incessante, ses rues bondées…) et sur une trame classique (la découverte d’un complot), offre une variation intimiste et ultra-anxiogène du thriller psychologique ordinaire.
Au-delà du scénario dépouillé à l’extrême et donc diablement efficace, c’est la mise en scène qui, comme souvent, fait la différence. Dans la première partie, la fluidité et la virtuosité dominent. On découvre le mécanisme complexe du scénario inventé par la petite bande du "Cerveau" pour transformer un meurtre en accident dans une succession de plans non dialogués qui ne laissent aucun cadrage au hasard. Par le simple jeu du montage, chaque élément se met implacablement en place et finit par donner son sens à l’ensemble. Du grand art.
Dans la deuxième partie, le ton change. Le rythme s’accélère, et en même temps, l’action devient plus statique. Le héros, privé de ses compagnons, se trouve dans une posture d’attente et d’observation. Aux aguets et quasiment aux abois. Adrénaline et paranoïa : malgré le peu d’action, on est dans le thriller pur. D’autant que Soi Cheang ménage une atmosphère glaciale et distanciée qui rend presque palpable l’isolement physique et psychologique du personnage. Celui-ci n’a en effet de la réalité qu’une vision morcelée et vidée de toute substance, symbolisée à l’écran par l’absence de plan d’ensemble. Hong Kong devient ainsi un simple décor, aussi factice que tout ce qui entoure le "Cerveau". Comme s’il ne pouvait même plus faire confiance à ses propres sens.
Hélas, l’idée n’est pas exploitée jusqu’au bout. Trop démonstrative, la dernière partie rompt avec ce climat d’incertitude pour laisser place à des flots d’explications inutiles. Pire, l’épilogue fait l’effet d’un retournement bâclé, ajouté à la hâte pour terminer sur un semblant de morale, en parfaite inadéquation avec la sensibilité du film. Franchement décevant, et là, pas de doute, c’est vraiment un accident.
MpM
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