Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Wolfman


USA / 2010

10.02.2010
 



L'HEROS DU HURLEMENT

Le livre Bye Bye Bahia



«- De terribles chose Lawrence, vous avez fait des choses terribles»

Il aura fallu faire preuve de patience pour découvrir un film de loup-garou digne de ce nom capable de renouer avec la mythologie d’une créature au romantisme gothique. Depuis des années les studios hollywoodiens nous abreuvent d’histoires de Zombies ou de Vampires en tout genre mais semblaient bien incapables de satisfaire notre soif avide de lycanthropie. D’ailleurs, si nous passons sous silence la série des Underworld relayant le loup-garou au second plan et le nullissime Cursed de Wes Craven (2005), il faut remonter au Wolf de Mike Nichols avec Jack Nicholson (1994 déjà) pour assister à une représentation cinématographiquement acceptable de l’homme loup.

C’est vous dire à quel point la frustration était grande ! Malgré les nombreux problèmes rencontrés au cours d’une post-production pour le moins chaotique, Wolfman s’avère être une excellente surprise, le studio Universal ayant eu la bonne idée de renouer avec le mythe dans un film hommage plaçant cette icone «monstrueuse» au côté des Dracula, Frankenstein ou encore la Momie. Pour tout dire Joe Johnston nous étonne, propose une relecture classique de la bête damnée très loin du second degré façon La Momie (Stephen Sommers, 1999) et privilégie l’authenticité dans une démarche assez proche du travail de Francis Ford Coppola sur son Dracula.
Ce n’est pas pour rien si pour composer son personnage Benicio Del Toro s’est inspiré de l’interprétation de Lon Chaney Jr., figure légendaire du Loup-Garou de George Waggner sorti en 1941. Il dégage une vraisemblance naturelle qui ne souffre d’aucune critique et transporte de sa présence un film aussi contemplatif que viscéral. Sur ce point signalons le casting impeccable du film : Anthony Hopkins cabotine admirablement dans son rôle de patriarche écrit sur mesure ; Emily Blunt s’avère sensible, fragile et touchante ; Hugo Weaving est, quant à lui, toujours impeccable dans un rôle en contrepoint à la dramatisation proposée.

Classique dans son traitement, Wolfman l’est aussi dans sa narration. Posée, elle impose l’inéluctabilité d’une malédiction familiale faisant de l’homme une bête féroce assoiffée de sang. Tout y est. Le retour du fils prodigue, la froideur d’une demeure au passé douloureux, la magie noire et ses bohémiens, l’amour interdit, les bois nimbés d’une brume épaisse, les ombres voraces de la bête et, point d’orgue tant attendu, les scènes de métamorphoses. Tout simplement saisissantes – sans doute les meilleures depuis Le Loup-Garou de Londres de John Landis (1981) – leurs réalisations sont vraiment inspirées et démontrent qu’il est possible d’associer un savoir-faire classique (les maquillages du génial Rick Baker sont splendides) et des effets numériques réussis. Une telle symbiose procure au film un ton particulier faisant de Wolfman un « blockbuster artisanal» sincère dans sa démarche artistique puisqu’il n’hésite pas à recourir au gore où lacérations, entrailles projetées sur le sol et autres démembrements s’enchainent.

Si l’aspect romanesque est esquissé par le cinéaste, celui-ci préfère développer une histoire parsemée de mystères, de non-dits et de révélations. Ce choix, volontaire, rapproche Wolfman d’un cinéma expressionniste et non d’une forme de romantisme baroque auquel on aurait pu s’attendre. Ainsi Lawrence Tablot devient le sujet idéal d’une réalité déformée – au sens propre, comme au figuré – à même de susciter des réactions de peurs et d’angoisses chez les spectateurs. Malgré quelques petits problèmes de rythme, le film de Joe Johnston s’avère par moment si palpitant que nous sentons les ombres tutélaires des plus grands chefs-d’œuvre du genre d’Universal Pictures nous effleurer l’échine. Ce qui n’est pas un mince compliment.
 
geoffroy

 
 
 
 

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