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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Une éducation (An Education)
/ 2009
24.02.2010
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ABOUT A GIRL
« - J’ai eu une vie avant de me marier avec toi.
- Et rien depuis. »
S’il est prévisible, le scénario d’Une éducation n’en est pas moins dénué de charme. Une initiation en trois temps, balançant enter deux extrêmes – une école très stricte, une vie très mondaine - qui amènera la jeune héroïne à avoir son propre vécu et tirer les leçons de sa propre expérience.
Moins subversif qu’on ne s’y attendait, le film nous renvoie surtout, tel un boomerang, l’image d’une société (les années 60) où l’on aspirait encore à une vie plus libre, intellectuelle, ludique, où l’asncenseur social était encore vecteur d’une vie meilleur, où enseigner était une ambition noble. Cela souligne en creux la spirale descendante des valeurs éducatives et des motifs de celles-ci depuis 50 ans. « Nous éduquer ne nous suffit plus. Il faut nous donner un but.»
Le film glorifie ainsi Camus (décidément très à la mode), l’existentialisme (Sartre), l’air (l’ère) de Saint-Germain-des-Prés (Gréco). Il se moque des blousons noirs, de ces jeunes qui veulent « bourlinguer » avant de s’orienter.
Telle une provinciale emprisonnée, le onde va se révéler à Jenny par la seule grâce d’une rencontre trop belle pour être vraie. Le prince charmant est en effet ambivalant. A l’instar de Michael Fassbinder dans Fish Tank, Peter Sarsgaard maquille très bien ses multiples vies. Mais ici rien de sordide, juste la cruauté de la réalité qui gâche le conte de fée de la haute Société.
Rien n’est vraiment binaire, mais tout est trop simpliste. Les parents qui se sacrifient pour les études de leur fille se laisse corrompre très rapidement par la promesse d’une dot élevée. La tentation sera si grande que le père, enfermé dans ses principes et ses valeurs, n’anticipera jamais les prémices de la dévastation qui suivra. L’entourage est ainsi : facile à décoder. Rosamund Pike en parfaite blonde (donc cruche) ou Dominic Cooper en meilleur pote (trop beau). Emma Thompson en directrice n’a qu’une partition à un accord. Seule Olivia Williams (encore plus fantastique dans The Ghost Writer) a quelques nuances à jouer, ce qu’elle fait très bien.
En fait le film repose sur la prestation de Carey Mulligan. La jeune comédienne dévore littéralement la pellicule. Tout, dans son physique et son attitude, la fait crever l’écran. Gracieuse et craquante, elle s’illumine au contact de la vie londonnienne et parisienne. « Tu n’as pas idée comment je m’ennuyais avant toi… » Sa naïveté touchante tout comme son intelligence précoce lui permettent d’habiter un personnage riche en contrastes, dotés de quelques dialogues savoureux.
La mise en scène est beaucoup plus banale, et contentera les moins exigeants. La dernière partie reprend même des tics du cinéma américain, spoliant un peu l’envoûtement de sa comédienne. Le final trop formaté, les échos à un cinéma britannique « optimiste » et « social » ne le distinguent pas d’une production qui se calibrent trop sur des scripts ultra-ciselés et des acteurs plus-que-parfaits. Il manque un souffle, une liberté qui le singulariserait. A l’image du parcours de son héroïne, nous pouvions nous attendre à une émancipation individuelle et nous avons un amour déçu. Nous espérions un film libéré et nous avons une histoire commune. Etrangement le film obéit trop aux principes qu’il dénonce et s’empêche de vivre de manière plus créative une histoire qui pouvait nous emmener dans un épilogue différent, moins moral et moins pragmatique.
vincy
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