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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Evelyn
Irlande / 2002
15.10.03
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FOI, ESPOIR ET AMOUR
"- J'économise pour une gouvernante.
- C'est un sommelier qu'il te faut."
Le cinéma a toujours aimé les histoires plus grandes que le spectacle, plus vraies que la nature. Evelyn n'échappe pas à cette fascination pour l'incroyable mais "c'est arrivé", où le courage individuel remet en question une Loi de la société. Se battre pour l'imposssible, et si possible par amour (ici des enfants). C'est beau, c'est émouvant, c'est idéal pour ceux qui ne croient qu'en la fatalité et qui ont beosin d'un coup de pied à l'arrière train.
Alors pour accentuer notre miséricorde, pour nous tirer les larmes, pour nous attendrir notre carapace bien cynique ces temps-ci, Bruce Beresford ne fait pas dans la dentelle. Avec une très belle photo presque sépia, comme un calendrier d'époque, il déploie un bel album, lisse, fade, parfois ennuyeux. Le démarrage est très lent. Le scénario trop classique. Quant à la mise en scène de ce réalisateur autrefois auréolé aux Oscars et à Berlin, on notre le savoir faire, mais aucune excellence particulière.
On aurait pu attendre davantage de cette charge anti-cathos (voir The Magadalene Sisters) ou de cette trahison maternelle (voir The Hours). Au lieu de cela, nous avons le droit à un soap très convenu, très superficiel, où les sentiments ont peu de place pour se déployer et s'intensifier. Le casting est très classe, mais complètement sous-utilisé. Il n'y en a que pour Brosnan et Vavasseur, la gamine, parfaite. À croire que Brosnan, mal rasé, bouffi, ridé, pas coiffé, veut alterner les James Bond avec des films où il détruit l'image de 007. Schizo? Pas tant que ça, plus le film avance, plus il réendosse le costume chic et se lisse de nouveaux les cheveux. Beau gosse jouant les canailles, plutôt.
Dans cette histoire, on retiendra l'absence de scrupules à tirer à boulets rouges sur les concervateurs et catholiques, les hommes de loi et les hommes de foi, tout en béatifiant la classe ouvrière. Cela ne déplaiera pas à "L'Humanité". Ce kidnapping d'enfants par l'Etat restera un scandale sur lequel l'Eglise devra s'expliquer. Une perversion du pouvoir. Et ce n'est pas inintéressant. Il est passionnant de voir que l'Irlande des années 50 était encore au Moyen-Âge, et que cette île a su se développer, progresser en peu de temps grâce à l'Union Européenne. Evelyn aurait mérité un traitement plus politique, plus ironique face à ce lavage de cerveau organisé. Il importe de montrer que la liberté passe aussi par la séparation de l'Etat et de la religion, autre sujet très contemporain.
Happy end inévitable, on se concentrera sur le dernier jugement, leçon de droit mémorable. Et là encore à méditer quand les médias sont tentés aujourd'hui de faire justice par eux-mêmes.
Mais surtout on se souviendra d'un Alan Bates alcoolo magnifique et caustique, et d'un Brosnan imbibé de bière chantant du folk-blues irlandais. Image peu hollywoodienne et pourtant trop sage. Comme si la coupure avec Hollywood n'était pas si assumée. Dommage. vincy
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