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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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L'arbre et la forêt
France / 2010
03.03.2010
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LE GOÛT DE PLAIRE
"Chacun fait son deuil comme il peut."
Chronique familiale qui n’a rien de tendre ou de comique, L’arbre et la forêt est une œuvre dense et concentrée qui ausculte au plus profond les dégâts causés par un impossible secret dans la vie d’un homme et de ses proches. Construit comme un huis-clos, le film place le spectateur dans la même situation que le personnage, à la limite de l’asphyxie, enfermé dans un cadre trop étroit et dont chaque limite est une plaie béante. Heureusement, quelques sorties en forêt apportent une bouffée d’air frais, et apaisent à la fois la claustrophobie physique et l’oppression morale.
Indéniablement, l’abord est difficile, radical, rien n’étant fait pour rendre le moment confortable. Olivier Ducastel et Jacques Martineau se sont interdit tout procédé facile pour alléger la tension : ils ne cèdent ainsi pas à la tentation d’illustrer les révélations du personnage par des flash-back sur-explicatifs. Au contraire, ils filment au plus près ses monologues et la réaction de ses proches, donnant à la parole le premier rôle. Avec un scénario aussi oral, fait de confrontations, d’aveux et de réconciliations extrêmement écrits, tout repose sur les acteurs que la caméra ne lâche jamais.
Et cela fonctionne parce que la pierre angulaire du récit, Frédérick, est incarnée par un Guy Marchand exceptionnel. L’acteur évite tout pathos, ne jouant jamais de manière plombée ou dramatique, mais avec une simplicité et une détermination qui mettent le cœur au bord des lèvres sans tirer de larmes. Chez lui, tout est dignité et émotion rentrée. Presque nonchalance, car pour ce Frédérick qui s’est tu pendant presque 60 ans, révéler la vérité est une délivrance, quelles qu’en soient les conséquences. A ses côtés, Françoise Fabian compose un personnage complexe et éminemment attachant, femme à la fois amoureuse et blessée, complice du secret de son mari et pourtant incapable de l’en délivrer. Il y a énormément de justesse et de finesse dans ce duo dysfonctionnel mais solidaire.
C’est pourquoi on est au final captivé par cette succession de scènes en apparence très ténues, dénuées de véritable action, où transparaît l’intelligence des réalisateurs-scénaristes. Ceux-ci ont en effet pris garde à ne pas réaliser un plaidoyer politique où les bons sentiments le disputeraient à l’émotivité. Tout en abordant un pan de l’histoire française méconnu et révoltant, ils offrent au contraire une réflexion universelle sur la nécessité de la transmission, le poids du mensonge et la volonté de dépasser la haine et la peur pour trouver une certaine sérénité. Peut-être leur film le plus cérébral, le moins immédiatement accessible, et en même temps le plus magnifiquement humain.
MpM
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