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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Amer
France / 2009
03.03.2010
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VIOLEMMENT EPICE
Transcrire les émois et les turpitudes sensorielles d’une femme à trois moments clés de sa vie. Rendre hommage au giallo et effleurer les thématiques de Dario Argento. Créer un film à la lisière de l’expérimental et répondre aux normes du classicisme. Enfin se démarquer de la production actuelle des films fantastiques par un radicalisme esthétique et une sensualité hystérique.
Amer répond à tout cela en nous laissant un goût plus que sucré dans la bouche…
Amer est un premier film, une petite production portée à bout de bras par ses réalisateurs Hélène Cattet et Bruno Forzani, qui mettent tout en œuvre pour fendre la pupille et exciter le bas ventre. Oui, Amer est un film pour les sens, travaillant sur les sens afin d’offrir un voyage onirique dans le corps de « La » femme entre réalité, désirs et fantasmes. Bien sûr nous ne sommes pas chez Bergman ou Fellini, puisque le traitement de ce film belge est plutôt à rapprocher du cinéma de Grandrieux ou de Lucille Hadzihalilovic dans sa manière d’aborder l’ambiguë innocence de la femme. Rien à voir et tout à suggérer entre le drapé d’un linceul, des lèvres apeurées, une chaleur écrasante sur une peau moite, les crissements d’une ceinture ou de bottes en cuir. A cet égard, le travail sur le son des matières est étourdissant et s’entremêle malicieusement aux musiques intérieures de l’héroïne. L’expérimentation pointe son nez à chaque plan et l’univers sensoriel du film décuple sa puissance dans une bande son travaillée à l’extrême. Esthète avez-vous dit ?
S’il est évident qu’Amer s’adresse à un public averti il risque, pour les mêmes raisons, de se le mettre à dos. Minutieux, complexe, n’ayant que faire d’une trame linéaire et d’une image par trop lisible, le film plonge dans l’image par delà l’image, au même titre que les Frères Quay ou Patrick Bokanowsky. Ainsi se livrent les allégories plasmatiques d’une myriade de gouttes d’eau en macro, la diffraction de la lentille mécanique symbolisant l’orgasme ou la mort de la mère, la surexposition de la lumière du jour exposant l’héroïne à la libido masculine. Excepté un troisième acte un peu vain, le film conserve cet équilibre entre frustration et déferlement des plaisirs sous l’égide d’une image léchée comme recherchée.
Tout s’effleure, se palpe, s’inhale, Ana scrutant ce qui se trame derrière la porte en bas de l’escalier ou dans la chambre voisine. Occasion de regarder par le trou de la serrure… et de convoquer Powell, Bunuel, Argento.
Amer est un film sur le désir et la folie quand la frustration devient reine. A moins qu’il ne soit une projection fantasmatique quand le plaisir régit toute une existence. A moins que sa saveur épicée ne soit trop forte et que l’amertume dégagée se dépose sur votre palais pour votre plus grand plaisir.
Le fiel a ses atouts et la saveur ses déplaisirs.
Denis
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