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GAME OVER
"- Est-on encore dans le jeu?"
Cronenberg est un cinéaste de l'étrange, qui laisse le spectateur fasciné et inquiet. eXistenZ n'échappe pas à la règle. Le réalisateur nous plonge dans sa réflexion sur la virtualité. Ce deuxième monde qui émerge par l'intermédiaire des réseaux informatiques, des jeux vidéos, de la littérature cyber. Avec comme postulat: y-t-il une réalité?
Il y répond à sa manière, avec style (le sien), esthétisme (américain), recherche formelle (parfois facile), et un scénario manipulant le spectateur. L'effet final qui est de nous rendre perplexe sur ce que nous avons vu et de nous détruire nos quelques certitudes est un peu grossier, hélas. Bien qu'il expose par les images son point de vue sur la question, il ne répond pas à l'essence même du problême: si la réalité n'existe pas, si tout est virtualité, quel est l'intérêt de notre vie? Le film aurait pu être existentialiste, philosophique, amenant un débat sur ces nouveaux mondes parralèles. Au final, il ne reste qu'un jeu viéo format cinéma, et vide de sens. Cronenberg, en se concentrant sur la motivation des personnages, la violence des jeux (ici fatale) et l'histoire aléatoire (mieux maitrisée dans Cours Lola Cours), élude l'impact sur l'être humain, et évite de prendre position, politiquement sur le sujet.
C'est la faille de ce film, ce qui en fait une oeuvre avant tout spectaculaire, et en fait la plus hollywoodienne des créations de Cronenberg depuis The Fly.
On y retrouve cependant nombre d'ingrédients de l'univers du canadien: des insectes (à deux têtes), des voitures (et même un mecano), des machines qui se mélangent à la chair, des manipulations chirurgicales ou génétiques, Et pas mal de sexe. Implanter un bioport - prise péritel fournie à l'énergie corporelle - ressemble à une sodomie non lubrifiée. Pénétration chirurgicale amenant de nombreux sous entendus explicites avec la langue, le doigt, la salive...Une sorte de second dépucelage. Le Gamepod, playstation organique assimilée à un animal domestique, ressemble à un nouveau né, mi chair, mi plastique, qu'on masturberait comme un clitoris. Le tout cybersurveillé, et retracé, par les nouvelles technologies.
On y ajoutera un langage typique des jeux (Are you friendly or are you not?), un vocabulaire big brother (vous êtes étiquetté), et un scénario rebondissant dans un genre habitué aux limites des logiciels 3D, des acteurs ayant peu à jouer... et Cronenberg nous aura livré son analyse chirurgicale du film de jeu vidéo. Ca existe, ca excite, mais ça n'a rien de transcendant. vincy
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