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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Nine
USA / 2009
03.03.2010
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NATURA MORTA
«- Le désespoir n’a pas de place ici.»
On aurait adoré adorer. Et ça nous a finalement ennuyés. Oh ! Ce n’est pas les couleurs ni les musiques qui sont le plus à critiquer. Tout est beau dans Nine. Enfin si on aime le vernis un peu kitsch des cartes postales à l’Américaine fantasmant sur une Italie glamour. Rome et Positano semblent n’exister que pour le 7e Art. Il n’y a aucune vie dans l’image hormis celle du comédien qui y passe.
Nine c’est une forme de remake/sequel/spin-off du chef d’œuvre de Fellini, Huit et demi. Day-Lewis incarne le Maestro. Il est aussi fin que Fellini était généreusement opulent. Il ressemble davantage à Gassman, beau gosse viril. Gênant pour le cinéphile, forcément rassurant pour un producteur visant les spectatrices de 20 à 50 ans.
Tout est factice et le calcul est visible. Du cadre aux acteurs. Même l’émotion est artificielle, à de rares exceptions. Cela commence avec la présentation des muses et de leur pygmalion. Défilé de mode. Les premiers plans nous montraient des boutons de manchette et les lèvres refaites (saccagées) de Nicole Kidman. Vogue a du sponsoriser l’ensemble.
Blondes, rousses, brunes, vieilles, froides, sensuelles, se regardant en « chienne de faïence », les femmes se croiseront peu alors on nous les livre d’un coup. Dès les premiers dialogues d’une intrigue décousue, on aurait du se méfier. « Le travail du réalisateur est très surestimé, tu le sais. Il suffit de dire oui ou non. » Il a dit trop souvent oui, le réalisateur.
Deux ingrédients grippent la recette. Le scénario, simplissime et sans enjeu réel. L’absence de tension et d’intrigue (ce qui limitait la casse dans Chicago) rend le film flottant, et dépendant des séquences musicales ou de scènes fortes pour rebondir. Nine n’existe pas sans ses stars, puisque le fil conducteur se casse régulièrement. Or, ces icônes du cinéma sont inégalement traitées, et aimées.
Fergie a un bon numéro musical assez sauvage. C’est tout. Nicole Kidman incarne la blonde fellinienne (c’est-à-dire Anita Ekberg), spectrale et sans charisme réel. Musicalement elle obtien un morceau musical indigne de son talent (Moulin Rouge, Happy Feet). Judi Dench et Sophia Loren ont les deux pires chansons, l’une dans la farce, l’autre dans l’émotion forcée. Dench n’est pas mauvaise en vieille copine costumière. Le plaisir de revoir la Sophia est immense, et attristé par le fait qu’elle interprète symboliquement un fantôme : un cinéma disparu. Tout un symbole.
Kate Hudson, habituellement exaspérante, s’en tire plutôt bien en bimbo fashion, avec une chorégraphie impeccable à la Beyoncé.
Mentions spéciales, et réellement sans chauvinisme ou subjectivité, à Penelope Cruz et Marion Cotillard. Elles ont de bons agents. Car dans ce naufage, elles sauvent les meubles. Pourtant Cruz, plus Sophia Loren que jamais, hérite d’une chanson sans intérêt, avec une chorégraphie très banale. Mais son personnage est le plus tragique et elle y apporte une composition touchante. Et s'approprie la phrase la plus culte de l’année : « Je t’attend ici avec les jambes ouvertes ». Position à l'appui. Quant à Cotillard, en Giuletta Masina, elle tire bien son épingle du jeu. Elle est en roue libre en épouse amoureuse et vulnérable, déterminée et trahie. Surtout, elle a le privilège de chanter deux fois. Son dernier numéro est de loin le meilleur du film. Elle s’y lâche, révélant la part animale et sexuelle en elle. De l’oxygène. "Take it all"!
Hélas, pour le reste, Rob Marshall semble en panne d’inspiration, à l’instar de son personnage principal. Les décors très pauvres accentuent le manque d’originalité. Pire, en les faisant danser et chanter dans un lieu où l’ombre du Colisée plane en permanence, on a un sentiment de répétition. Plus étonnant, les tonalités chromatiques et les éclairages ne varient pas durant une chanson.
L’apparente luxure ne maquille pas l’absence cinématographique d’une sensualité clamée à tout bon de champs. La construction narrative – une succession de solos - insiste sur les carrences du script. Une histoire où il ne se passe pas grand chose hormis les doutes, incertitudes, angoisses, indécisions d’un cinéaste qui a perdu sa créativité et fantasme sur des femmes idéales.
Du coup, Nine, plaisant à regarder pour cet hymne à la féminité, restera comme un film enflé à défaut d’être gonflé. Même s’il gonflera de nombreux cinéphiles regrettant les comédies musciales autrement plus ambitieuses (Cabaret) ou même sympathiques (Fame première mouture).
vincy
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