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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Le guerrier Silencieux (Valhalla Rising)
/ 2010
10.03.2010
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DE GUERRE LASSE
«- Il vient des ténèbres»
D’un prisonnier bavard et souriant (Bronson) le réalisateur danois Nicolas Winding Refn passe au guerrier mutique et impassible. Croisement logique quand on repense à la galerie de trognes patibulaires et caricaturales de la trilogie Pusher, oeuvre ayant fait connaître le jeune danois au grand public.
La violence chez Winding Refn est le moteur de ses films, le prisme par lequel il explore l’âme humaine dans ses tiraillements et ses paradoxes. Pauvre homme semble-t-il vouloir dire, tout en insistant sur la nature complaisamment violente de celui-ci. L’art est violent, et la nature ontologique de l’homme semblerait s’y associer pour accoucher de pellicules sèches et brutales, uppercuts jusque là appuyés par des mises en scène radicales. Et quand arrive un projet sur les vikings, toutes les raisons d’espérer un nouveau choc cinématographique sont envisageables.
Les films sur les vikings sont suffisamment rares dans le 7ème art (Les Vikings, chef d'oeuvre, Le 13e Guerrier en director's cut, sous-estimé) pour que l’on s’y intéresse. Encore faut-il savoir insuffler cette délicate barbarie qui rendait ces combattants tout aussi terrifiants que vénérables. Hélas, à la suite d’une introduction dantesque où la sauvagerie mystique se comprend à travers des éclats musicaux ténébreux, le réalisateur tombe dans un maniérisme soporifique, incapable de filmer la nature et de donner vie à cette odyssée si peu guerrière. Ou quand le silence devient assommant.
Se voulant contemplatif, le film sombre bien vite dans une lenteur abominable dès qu’il s’agit d’imprégner le mystère régissant notre guerrier silencieux. Bancal dans son rythme et amusant dans ses tentatives de concurrencer Malick ou Herzog sur le terrain d’un cinéma naturaliste et absorbant, le film échoue dans une brume de studio frôlant l’amateurisme. Et rien ne sert d’épurer l’image pour incarner un no man’s land bien vide (à cet égard le chapitre sur le bateau frôle le ridicule).
Si la folie est convoquée à diverses reprises (seule la séquence d’illumination est proprement envoûtante et sort tout droit d’un film de Jodorowsky), il vaut mieux revoir Aguirre, magistrale leçon de mise en scène d’un chef d’œuvre contemplatif sur l’obsession d’un homme, que de supporter cette excursion « naturaliste » bien vaine d’un réalisateur plus inspiré quand il s’agit de filmer l’urbain.
Denis
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