Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Open


USA / 2010


 



LES GENRES HUMAINS





Open porte bien son titre. Il faut être ouvert, réceptif. Si l’esthétique du film sert à banaliser une histoire au fond angoissante et déprimante, et des personnages en marge, Open n’a rien d’un film grand public. En explorant des sexualités souvent ignoéres – pandrogynie, transsexualisme, hermaphrodite – le spectateur s’ouvre lui aussi à un nouveau monde.
Ce qui frappe dans ses personnages (si justes) c’est la tristesse qui se dégage de leur parcours, cette dépendance affective qui les rend si désespéré. On palpe si bien leur désarroi, leur besoin de parler, leur envie d’amour, que l’universalité du propos apparaît vite dans un monde individualiste et matériel.
Le film est à la fois documentaire, témoignage et fiction romanesque. Il essaie de comprendre les origines de ces troubles de l’identité sexuelle. L’enveloppe charnelle en apparence ne correspond pas aux pulsions intérieures, contrariées. Ces troubles nous troublent. Même les quelques scènes de nudité nous touchent plus qu’elles ne choquent. Il n’y a jamais ce côté « freaks » qu’on aurait pu craindre car le jeune cinéaste les dévoile toujours dans des situations émouvantes.
Ainsi tout nous intrigue : cette fusion entre deux amours, cette femme qui veut devenir un homme qui va tomber enceint, ce jeune homosexuel déboussolé par ses sentiments, … Dans cette Amérique moyenne, cette métropole quelconque (Minnéapolis), ces êtres errent sans trop s’égarer. Un monde minéral autant qu’urbain, végétal autant que sensuel. Un faux road-movie qui ne s’éloignent jamais des faubourgs et des friches d’une Amérique en perdition. L’absence de sordide provient sans doute de la beauté de l’image. Un travail esthétique rare pour un film indépendant disposant de peu de moyens. Comme un peintre impressionniste, l’urbanisme devient photoraphique, au point de s’autoriser des plans fixes hypnotisant. La musique nous ensorcelle et comble les plaies d’un script qui a parfois du mal à s’intensifier. Nous ne sommes pas loin d’une œuvre expérimentale, dans un style néo-réaliste, à l’instar de cette vague de jeunes cinéastes du Nord-Ouest des Etats-Unis, s’inspirant des films les plus pointus de Gus Van Sant.
Open nous parle de métamorpohoses, de transformations, de mutations. D’un monde qui dégénère et de gens qui se régénèrent. Même si, parfois, l’impasse sentimentale et personnelle conduit à s’évader dans le ciel bleu du Midwest.
 
vincy

 
 
 
 

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